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périodiques.Vierteljahrsschrift.

nous, par l’érudition, le caractère moral, la valeur critique de l’œuvre de Lange.

Otto-Liebmann : Raumcharaktenstik und Raumdeduction. (Définition et démonstration de l’espace).

Les efforts tentés successivement par Leibniz et par Kant, par Schelling et par Herbart, enfin par Wundt pour expliquer les trois dimensions de l’espace aboutissent à un cercle vicieux ou s’égarent dans des hypothèses métaphysiques qui contredisent l’expérience ; ou, enfin, ne font, comme la tentative de Wundt, que reculer la difficulté, et laissent le problème sans solution. La mathématique de Gauss, de Riemann et d’Helmholtz, qu’il vaudrait mieux se borner à nommer la métagéométrie, s’est inspirée, à son tour, de l’exemple des métaphysiciens, et s’est laissée aveugler, comme eux, par la confusion de la nécessité logique et de la nécessité intuitive. Il n’est, sans doute, pas contradictoire, et par suite il n’est pas nécessaire logiquement de concevoir l’espace avec des dimensions différentes de celles que nous lui attribuons d’Ordinaire ; et les théorèmes de la géométrie non-euclidienne le prouvent incontestablement. Mais il nous est absolument impossible de nous représenter (Anschauen), avec l’œil des sens ou de l’imagination, un espace différent du nôtre. Tout cela, il est vrai, éclaire la nature, et par suite la vraie définition de l’espace, sans nous expliquer comment nous arrivons à nous en faire une notion complète, car il est incontestable que cette idée n’est pas innée, au sens littéral du mot. Il faut consulter l’expérience psychologique, pour connaître les diverses phases du processus mental, auquel nous la devons. L’auteur résume ici, avec une concision lumineuse, les récents enseignements de la psycho-physiologie. Nous n’avons toujours pas, dit-il, atteint par eux une explication métaphysique de l’espace au sens de la déduction kantienne. C’est qu’il faut se borner ici à une analyse purement psychologique, à la simple constatation des faits.

Riel : L’Espace comme représentation visuelle.

La théorie de l’espace a fait bien des progrès depuis Kant, qui n’avait pas songé à expliquer la genèse psychologique de cette notion, mais ne niait nullement qu’elle ne supposât comme sa condition indispensable un long travail de l’expérience.

La théorie que Wundt expose dans sa « Physiologie psychologique » est encore l’essai le plus satisfaisant d’explication qui se soit produit jusqu’aujourd’hui. Mais Wundt, qui analyse si bien le rôle des sensations musculaires du tact et de la vue, ou des signes de localisation (Localzeichen), et des sensations nerveuses (Innervationsgefühle) dans le développement de nos perceptions d’étendue, est obligé de reconnaître que la synthèse opérée par l’esprit entre ces éléments différents ajoute quelque chose de nouveau à ces données de la sensation (neues Product.) ; et ce quelque chose de nouveau, c’est, à proprement parler, l’extension réelle (das Aussereinander), qu’il s’agit justement d’expliquer. C’est de ce produit, réfractaire à l’analyse de Wundt, que