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ANALYSES. — simonin.Traité de Psychologie.

veris scientiarum titulis doctori famosissimo, Bernardus Silvestris opus suum… Ce très-fameux docteur, chancelier de l’église de Chartres avant Bernard, en 1121, avait fait sous ce titre, De sex dierum operibus, un traité d’une étrange audace que M. Barach ferait bien de rechercher. Nous en avons à Paris trois exemplaires ; mais ils sont incomplets. Il y en a peut-être un exemplaire complet à Vienne ou à Munich, et, puisque l’Allemagne se fait un devoir de publier nos philosophes, nous lui demandons un tour de faveur pour Thierry. Non par goût pour ce platonisme, c’est bien entendu ; mais par zèle pour cette science trop longtemps dédaignée qu’on appelle l’histoire des systèmes.

B. Hauréau,
de l’institut.

Simonin (Amédée) : Traité de psychologie, phénomènes de la pensée et facultés de l’âme. (Paris, Didier, 1876). — Siérebois : Psychologie réaliste, étude sur les éléments réels de l’âme et de la pensée. (Paris, Germer Baillière, 1876).

Il faut avouer que la psychologie, bien qu’elle date d’Aristote, et même de plus loin, est restée jusqu’à ce jour, malgré les spéculations rationnelles et les recherches expérimentales de tant et de si illustres penseurs, dans un état d’enfance ou, pour mieux dire, d’imperfection, qui légitime suffisamment les efforts que l’on tente de tous côtés pour la faire sortir des explications verbales et des hypothèses aventureuses, et lui assurer sa place parmi les sciences exactes et positives. Il vient de paraître, à peu près en même temps, deux ouvrages, l’un de M. Simonin, l’autre de M. Siérebois, qui prétendent donner une solution définitive des obscurs problèmes que soulève l’étude de l’âme. Nous avons ouvert ces ouvrages avec une curiosité bien naturelle : mais les auteurs ont-ils tenu ce qu’ils promettaient ?

M. Simonin possède une grande confiance en lui-même, qui ne va pas, bien entendu, sans un dédain profond pour les erreurs, les billevesées, les extravagances d’Aristote, de Descartes, de Kant, etc. S’il dédaigne Descartes, il lui emprunte quelque peu ses procédés : grâce « à sa santé, à sa sobriété, à sa force de volonté et aussi à sa force nerveuse », il a fait travailler son esprit dans le monde abstrait pendant une vingtaine d’années, de minuit à quatre heures du matin, et il est arrivé sans le secours du monde extérieur, sans le secours d’aucun livre, à découvrir les lois de la pensée. Ni plus ni moins que Descartes, M. Simonin, voyant qu’il pouvait penser sans la moindre excitation du dehors, en a conclu que l’âme était distincte des forces matérielles. Telle est, pour employer son langage, la première des trois « tangentes » ou principes qu’invoque sa démonstration. La seconde « tangente » est ce que