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de physiologie de Florence), que, si je ne me trompe, elles ont été un peu trop négligées dans la littérature des cinq ou six dernières années.

M. Schiff, dans un mémoire fort étendu, a exposé sa méthode, décrit ses appareils, et formulé les résultats qu’il a obtenus de ses expériences. Son travail est trop complet pour être d’une lecture facile ; il n’est guère accessible qu’aux spécialistes ; l’énumération, à chaque pas, des nombreuses sources d’erreur, leur analyse, leur discussion, leur réfutation, l’entraînent souvent dans de longues digressions, au milieu desquelles la question principale est quelquefois peu apparente. Je ne fais qu’un résumé de ce mémoire, en m’attachant surtout aux résultats sûrs auxquels M. Schiff est arrivé ; mais le fait que je suis un témoin oculaire des expériences dont il s’agit, augmentera, je l’espère, la valeur de mon résumé aux yeux des lecteurs qui résisteront au désir de lire le mémoire original, auquel je renvoie tous ceux qui s’intéresseront aux appareils très-compliqués qui ont servi à ces recherches, aux précautions prises pour éviter toutes les sources d’erreurs, et aux détails de la méthode expérimentale.

M. Schiff commence par deux pages d’introduction, où il pose le problème à résoudre, et indique les conséquences de sa solution. Nous citerons ces deux pages in extenso[1].

« En faisant, il y a quelques années, la révision de mon Traité de Physiologie, je fus conduit à me poser les questions suivantes :

« Les excitations sensitives se transmettent-elles directement et nécessairement jusque dans les hémisphères cérébraux, ou bien la transmission directe de ces excitations dans l’animal normal, s’arrête-t-elle au niveau du bulbe rachidien ou du pont de Varole, points au-delà desquels l’encéphale cesse d’être sensible ? Et de plus : la transmission se fait-elle dans le cerveau d’après les mêmes lois fondamentales que dans les tubes nerveux, ou bien la formation de la perception dans le cerveau est-elle liée à des phénomènes que nos moyens d’investigation ne nous permettent pas encore de regarder comme soumis aux lois générales du mouvement matériel ?

« Quant à la première de ces questions, j’étais en droit de ne pas la regarder comme résolue, malgré les faits qui prouvent à l’évidence que le cerveau prend une part active à l’élaboration de la plupart de nos sensations. En effet, pour que cette élaboration ait lieu, il n’est point indispensable que les sensations se transmettent en voie directe jusqu’aux hémisphères, car les centres hypothétiques de la sensibilité pourraient être situés à la base du cerveau, et renvoyer secon-

  1. V. Archives de physiologie, V. Masson, mars-avril 1869 à juillet-août 1870.