Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, III.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
318
revue philosophique

ZEITSCHRIFT FUER PHILOSOPHIE UND PHILOSOPHISCHE KRITIK

(1876 : IIIe livraison)
ARTICLES ORIGINAUX

Quel profit peut-on retirer des écrits d’Aristote pour la connaissance de la philosophie grecque de Thalès à Platon ? par Pr. Steffens. L’auteur termine dans cet article son exacte, mais peu neuve compilation ; et passe en revue les textes aristotéliques, qui sont relatifs aux sophistes et à Socrate.

Kant comme esthéticien, par Richter. Ni dans la modeste et sévère demeure de ses parents ; ni au collège Fredericianum où il fit sa première éducation de 1732 à 1740 ; ni à l’université de Königsberg de 1740 à 1745 ; ni dans les grandes maisons du voisinage où il occupa pendant dix ans environ l’emploi de précepteur, de 1746 à 1755 ; ni dans les monuments et les musées de sa ville natale enfin, Kant n’avait rien rencontré qui pût donner l’éveil à son génie esthétique. Ce sont les livres des moralistes anglais, chez qui la morale n’est qu’une autre forme de l’esthétique ; c’est l’étude assidue de Baumgarten et de Meier, qui développèrent les premiers en lui le goût des analyses esthétiques. Rien ne prouve qu’il ait subi l’influence de Winkelmann. Il aimait peu la musique. On raconte même de lui le trait suivant. Un jour qu’il était allé entendre de la musique religieuse, et il ne s’y était apparemment décidé que pour rendre hommage à la mémoire de son ami Mendelsohnn, en l’honneur de qui avait lieu une cérémonie funèbre : « Cela ne vaut rien, » observa-t-il en sortant du temple. « Une musique funèbre peut commencer sans doute par des tons funèbres ; mais elle doit ensuite s’élever et réconforter les âmes, non les resserrer. » L’art qu’il appréciait le plus était la poésie ; et cependant il avait accepté sans goût en 1764 la chaire de professeur de poésie à l’université. Les poètes humoristiques et satiriques, Horace, Juvénal, Don Quichotte, Swift parlaient presque seuls à cet esprit, en qui l’entendement dominait de si haut l’imagination et la sensibilité. N’est-ce pas grâce à cette sorte d’indifférence pour les beautés concrètes, que Kant pouvait s’intéresser et s’appliquer si patiemment à l’analyse des lois abstraites de la beauté ?

Considérations sur les recherches et les découvertes de la statistique morale, par Rehnisch. Dans ce second article, plus développé encore que le précédent, et même un peu diffus, l’auteur s’attache à démontrer combien sont factices et arbitraires les moyennes établies par Quételet en faveur de sa théorie ; et se sert, pour réfuter la prétendue constance des lois de la statistique morale, des chiffres mêmes que donne son représentant le plus autorisé.