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ANALYSES. — baissac.Les Origines de la religion.

parmi les disciples de Comte, malgré le peu de goût que cette école semble lui inspirer. On y inclinerait d’autant plus que les positivistes, eux aussi, déclarent qu’avant tout ils ont une méthode. Mais, comme M. Soury ajoute plus loin que « l’idéalisme peut, sans se découvrir, accorder que la matière existe » et que le matérialiste en est réduit à avouer qu’il ne connaît que « des représentations subjectives, des idées, » et que « ramener dans l’esprit toute connaissance à l’idée, dans la nature toute force au mouvement, voilà vraisemblablement le dernier terme où nous puissions atteindre, » il semble bien plutôt qu’il se déclare par là disciple de Herbert Spencer et qu’il se rattache à la doctrine si magnifiquement exposée dans les First Principles.

Mais laissant de côté toute question générale et tout essai pour faire avouer à l’auteur plus qu’il n’en sait lui-même, nous signalerons particulièrement dans ce volume les études d’histoire religieuse. C’est là pour le philosophe un sujet doublement curieux : comme métaphysique, puisque toute religion en contient une ; comme psychologie, puisqu’elle est l’expression concrète et vivante d’un des sentiments les plus puissants du cœur humain. L’exposé de M. Soury est tout pénétré de l’idée de l’évolution. C’est ce qui se montre surtout dans son essai sur la Religion d’Israël, consacré à la mythologie sémitique. Là, en s’appuyant sur les plus récents travaux, il a montré comment, par un développement naturel, le caractère originairement fétichiste et polythéiste des religions sémitiques s’est transformé en monothéisme.

Plusieurs autres essais peuvent être considérés comme d’utiles apports pour cette Völkerpsychologie dont la Revue a déjà plusieurs fois entretenu ses lecteurs : M. Soury examine toujours le développement psychologique des races, dans son rapport avec le milieu, le sol, le climat. Signalons en particulier l’intéressante étude sur les Romans et les contes de l’ancienne Égypte, si propre à faire revivre en nous les sentiments et les idées d’un monde éteint depuis près de quatre mille ans.

Nous ajouterons, quoique ce ne soit pas ici le lieu, que tous ceux qui sont sensibles au charme du bien-dire, éprouveront un vif plaisir à lire ce livre. C’est une remarque superflue pour quiconque a parcouru seulement quelques pages de notre auteur.


Jules Baissac. — Les Origines de la Religion. 2 volumes. Decaux, Paris.

Les études d’histoire et de philosophie religieuse paraissent en faveur chez nous pour le moment, si l’on en juge par le nombre d’ouvrages et de publications périodiques qui y sont consacrés. À côté d’une nouvelle Revue de mythologie populaire (Mélusine, dirigée par H. Gaidoz et E. Rolland), M. Maurice Vernes se prépare à faire paraître un pério-