Il existe en Angleterre deux grandes écoles de logiciens : l’une,
issue de Hamilton, définit la logique, la science des lois de la pensée
en tant que pensée, c’est-à-dire en dehors de tout rapport aux objets
réels de la connaissance ; l’autre, issue de Hume, et dont Stuart Mill
fut le plus illustre représentant, en fait la théorie de l’investigation
et de la preuve expérimentale. L’auteur des Principles of science[1],
M. Stanley Jevons, un méthodologiste que ses compatriotes n’hésitent
pas à placer à côté, et même sous certains rapports au-dessus de
Herschel, de Whewell et de Mill, a pris position entre ces deux
écoles, en montrant que la méthodologie est impossible sans la
logique formelle. À vrai dire, M. Stanley Jevons est, par ses convictions philosophiques, disciple de l’école expérimentale. Sur les questions purement psychologiques, il aime à invoquer l’autorité de Bain
et celle de Spencer ; et, quant à l’origine de nos connaissances, il professe une doctrine voisine de celle de Mill ; s’il n’enseigne pas comme
lui que la déduction est une inférence du particulier au particulier,
autorisée par une inférence antérieure du particulier au général, il
pense, avec lui, que « dans sa source et dans son fondement extrême,
toute connaissance est inductive, en ce sens qu’elle est tirée par
un certain raisonnement inductif des faits de l’expérience. »
Mais si, en fait, toute connaissance est inductive, en droit, l’induc-
- ↑ The Principles of science, A Treatise of Logic and Scientific method, by W. Stanley Jevons. London, Macmillan, 1874. — Les autres ouvrages logiques de M. Jevons sont : Pure logic, or the Logic of quality apart from quantity. London, 1864. The substitution of similars the true Principle of Reasoning. London, 1869. — Enfin en 1876, M. Jevons a donné dans les Science primers de Macmillan un petit manuel de Logic qui l’emporte de beaucoup en clarté, en brièveté, en précision et en intérêt sur tous les traités de ce genre qu’en France on met aux mains de nos élèves.