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delbœuf. — hering et la loi de fechner.

n’y plus rentrer jamais. Ce sera la gloire impérissable du philosophe-physicien de Leipzig[1].

J. Delbœuf.
  1. Cet article était terminé, quand a paru en Allemagne, sur la même question, un opuscule de M. Paul Langer, intitulé die Grundlagen der Psychophysik (les Fondements de la psychophysique, Iéna, Hermann Dufft, 1876). Cet écrit parait avoir été inspiré par le discours de M. Hering. L’auteur ne prend pas une position bien nette entre Fechner et son contradicteur. Voici, à cet égard, un passage caractéristique : « Hering, dit-il (p. 15), se donne pour but de combattre la loi psychophysique de Fechner, et de la remplacer par une autre, à savoir la loi de proportionnalité. Bien que je sois d’accord avec l’auteur de ce travail remarquable en beaucoup de points, et spécialement en celui-ci que la loi psychophysique n’est nullement une conséquence de celle de Weber, je dois, cependant me séparer de Hering sur le point le plus essentiel, le mode de preuve. Notamment je trouve que chez lui la preuve de l’impossibilité de la loi de Fechner est insuffisante, et qu’il n’est possible ni dans le sens de Fechner ni dans celui de Hering d’obtenir une loi psychophysique, quelle qu’elle soit, comme conséquence des simples données expérimentales. Dans l’état présent de la science, une loi psychophysique ne peut être mise en rapport avec les faits empiriques que par le moyen d’une hypothèse, et il suit de cette circonstance, en la supposant établie, d’un côté l’impossibilité de prouver autre chose que l’invraisemblance d’une loi psychophysique quelconque, de l’autre, l’impossibilité d’obtenir une loi psychophysique comme conséquence des propositions expérimentales. » M. Langer, après avoir exposé l’attitude qu’il compte prendre, fait quelques remarques ingénieuses, quoique peu concluantes, sur le rôle de la mémoire dans la comparaison des sensations successives. Puis il passe à l’objet principal de sa brochure, la construction de la formule, à son sens, la plus vraisemblable pour expliquer, conformément à l’expérience, les rapports de la sensation et de l’excitation. Il est surtout frappé de ce résultat que, suivant la formule de Fechner, la sensation est nulle pour l’excitation seuil de l’excitation, c’est-à-dire l’excitation qui agit à la limite de la conscience et de l’inconscience (Voir Revue phil. 1876, Juillet, p. 76, l’article de M. Ribot sur la philosophie de Herbart), et il essaye de la débarrasser de cette tache en recherchant la plus simple des conditions mathématiques qui la fasse disparaître. Partant de là, il obtient une formule qui peut se mettre sous la forme simplifiée que voici : log où S représente la sensation, E l’excitation, b le seuil, K et c des constantes. Ces sortes de formules, dont l’origine est complexe et qui se fondent sur des considérations en dehors de la théorie et de l’expérience, ne sont malheureusement d’aucun secours dans des questions de cette nature. Helmholtz en a, de son côté, trouvé une analogue qui satisfait, dans une certaine mesure, aux phénomènes de sensations lumineuses, mais il n’y a attaché naturellement qu’une importance médiocre (voir Étude psychophysique, p. 21 et suiv.).