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e. de hartmann. — un disciple de schopenhauer.

comme accident de la volonté, tandis que d’après ma théorie l’idée et la volonté sont inhérentes à titre égal au sujet absolu, substantiel, qui est leur substance et qui existe réellement. Comment l’illogique arriverait-il à jouir du privilège de l’hypostase, quand celle-ci n’est pas permise à l’égard du logique ? Comment le logique arriverait-il à être l’accessoire de son contraire ? Cette opinion ne repose pas sur un fondement plus solide que l’opinion contraire de Volkelt ; le philosophe prudent se gardera avec un soin égal de faire une hypostase de l’un ou de l’autre côté ; le penseur, qui n’a pas de parti pris, appliquera à l’idée et à la volonté la même mesure et n’accordera pas à l’une ce qu’il refuse à l’autre.

Si nous faisons abstraction de cette différence fondamentale, Bahnsen a complètement adopté en principe mon propre point de vue, puisqu’il reconnaît (ce qu’il refusait de faire auparavant) comme idée l’essence "ou le contenu de la volonté universelle et qu’il admet la nature logique de cette idée comme racine de la raison objective dans le monde réel. La divergence, qui existe encore entre nous, consiste en ce qu’il maintient encore à côté de l’idée logique un contenu illogique et antilogique (realdialectik) de la volonté, tandis que moi je considère tout contenu de la volonté comme idéal et logique et sa forme seule comme illogique. Mais en présence des concessions faites, cette divergence ne peut plus être considérée que comme un reste inconséquent de son point de vue primitif et qui disparaîtrait nécessairement, au moment d’une révision exacte de tous les éléments nouvellement ajoutés. Nous avons déjà vu plus haut que la dialectique réelle de Bahnsen, en tant qu’elle prétend être antilogique, est une fiction complètement insoutenable et que la raison objective, une fois introduite dans le monde réel, s’y empare irrésistiblement de la suprématie. Nous dirons seulement ici, premièrement qu’il ne peut y avoir aucun vouloir actuel sans une représentation ou idée comme contenu et qu’il ne peut y avoir d’idée sans logique (et surtout point d’idée antilogique) ; en second lieu nous ajouterons que la forme illogique de la volonté (même si nous n’admettons aucun contenu illogique quelconque dé la volonté) suffit complètement pour expliquer l’illogique empirique du monde. Par rapport à ce dernier point, je renvoie d’un côté aux explications précédentes, d’après lesquelles les observations de Bahnsen relatives aux résistances et aux accessoires du développement ne fournissent pas une objection fondamentale contre le caractère logique de ce dernier ; d’un autre côté il nous reste encore à élucider ici quelques questions métaphysiques.

Bahnsen rappelle avec raison que le ne devant pas exister (ce qui