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delbœuf. — logique algorithmique.

mites le champ qu’on lui attribue. Mais il est trois questions capitales, antérieures à toutes celles que nous pouvons nous poser concernant l’univers, et dont la solution nous paraît être l’objet fondamental de ce qu’on appelle logique. Ces trois questions, les voici : Comment la science est-elle possible ? comment arrive-t-on à la possession de la vérité ? comment démontre-t-on la vérité ? On peut donc définir la logique, la science de la forme abstraite de toute science.

À ce titre la logique sert de fondement à l’édifice des connaissances humaines. Son objet est encore plus abstrait que celui de l’arithmétique. L’arithmétique s’occupe du nombre, et le nombre représente encore une réalité ; le nombre, c’est quelque chose qui n’est ni la quantité, ni la figure, ni la force, tandis que la logique s’occupe de l’idée, de l’idée qui comprend et le nombre, et la quantité, et la figure et la force, de l’idée qui ne contient plus rien de réel, ou, si l’on veut, qui ne contient plus qu’une réalité complètement indéterminée, indifférente. Toute autre science cherchera à établir la vérité de ses propositions ; la logique recherche comment on établit la vérité d’une proposition en général. Cette science est donc supérieure et antérieure à toutes les autres, non pas, sans doute, dans l’ordre chronologique, mais dans l’ordre même des choses. Toute connaissance, si informe qu’elle soit, repose sur la pensée, et la pensée elle-même a ses lois qui expliquent comment la connaissance a pu se constituer telle qu’elle est.

La logique comprend trois parties : — une partie générale où l’on examine si la vérité est possible ; une partie inductive, où l’on traite des procédés de généralisation, , et de la légitimité de l’induction, de l’analogie, de l’abstraction et de la synthèse ; et une partie déductive qui nous apprend comment d’un certain nombre de propositions on peut, par la comparaison, en tirer d’autres qui y sont impliquées.

La première partie nous fera connaître les postulats de la logique — cette science, par son caractère spécial, ne peut, en effet, avoir des axiomes ; dans quelle autre science les puiserait-elle ? — nous en ferons tantôt l’énumération. La seconde partie ne reste pas stationnaire ; elle fait de nouveaux progrès à mesure que l’on ouvre des voies nouvelles qui nous conduisent à la vérité ; et, pour n’en donner qu’un exemple, les anciens, qui ne connaissaient pas l’expérience, étaient privés du moyen le plus puissant d’induction. Les caractères de la vérité sont aujourd’hui beaucoup mieux connus, et ceux de l’erreur mieux définis. La logique déductive a pour but de confirmer la vérité ou de découvrir l’erreur qui peut se dissimuler dans les prémisses et éclater dans les conséquences. Son rôle est important