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POUR LA RENTRÉE DES CLASSES

Chers enfants, et vous tous, jeunes gens, mes amis, je savais déjà que c’est pour vous que nous vivons ; vous êtes, en effet, notre principale raison de vivre. Mais je n’ai jamais si bien compris que c’est pour vous aussi qu’en ce moment on meurt : pour la France d’aujourd’hui, certes, mais encore bien plus pour la France de demain et des siècles à venir, pour qu’elle soit maintenue dans sa liberté, rétablie dans son intégrité, pour qu’elle vive heureuse et glorieuse enfin, telle que l’ont souhaitée et ne l’ont pas connue les générations dont nous sommes, et telle que vous devez la connaître un jour. Jamais je n’ai mieux senti qu’en vous voyant rentrer en classe la belle continuité de notre race, ni combien par les vertus qu’elle tire de son fonds comme d’une source abondante, inépuisable, elle mérite vraiment d’être immortelle, — éternelle même, suivant la grande parole de Victor Hugo : « Gloire à notre France éternelle ! »

C’est aussi la parole qui est venue naturellement aux lèvres du chef de l’État, dès le début de la guerre, dans son émouvant appel à la Nation française : « À cette heure, il n’y a plus de partis. Il y a la France — éternelle. » Qu’est-ce à dire ? Que notre nation représente réellement, et c’est sa mission en ce monde, un idéal supérieur à tous les temps, et qui ne saurait périr. Elle a su l’exprimer dans sa triple devise, qu’aujourd’hui elle ne borne pas seulement à l’homme et au citoyen, mais que, en plein accord avec ses nobles alliés, elle étend à tous les peuples eux-mêmes : Liberté, Égalité, Fraternité.

Oui, Liberté de tous les peuples opprimés, de tous ceux qu’a trop longtemps courbés un joug imposé par la force, et qui aspirent enfin après la délivrance.

Égalité de ces mêmes peuples, tous ayant un droit égal à vivre dans la paix et dans l’honneur, même les plus petits, qui par l’héroïsme, voyez la Belgique, peuvent s’égaler aux plus grands, disons mieux : les surpasser.

Fraternité des peuples enfin, à condition toutefois de réduire et d’évincer, jusqu’à ce qu’il vienne à résipiscence, celui qui n’a pas l’âme fraternelle, et qui dans la grande famille humaine,