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POUR LA RENTRÉE DES CLASSES

tant de héros bravent la mort sous les drapeaux. C’est bien le moins qu’on puisse faire, disent modestement à Lunéville, à Pont-à-Mousson, et dans nombre de bourgades lorraines, tels et tels qui, comme otages, ont couru le risque de leur vie : combien en ont même fait le sacrifice, parce qu'ils avaient voulu rester fidèles à leur poste, devenu pour eux un poste de danger, donc un poste d’honneur ! À ce moment où la France traverse la crise la plus grave de toute son histoire, rien n’est pénible pour un bon Français comme de demeurer inutile, sans rien faire pour son pays. Aussi la plupart ont cherché et trouvé de quoi s'occuper ; et jamais aucune tâche n’a été mieux remplie, que celle qu’ils se sont ainsi volontairement donnée : — tous, jusqu’à ces jeunes garçons de douze à quatorze ans, les boy-scouts, formés en un petit bataillon cycliste, et qu’on a vu dès le premier jour pédaler, infatigables, à travers nos rues, assurant la liaison entre les services : tels, dans une flotte de guerre, filent d’un navire à l’autre les petits bateaux-mouches.

Donc si, pendant ces dernières semaines, mes enfants, vous n’avez pas cessé de manger du pain blanc comme en temps ordinaire, si vous avez toujours eu chaque matin un bon morceau de sucre à faire fondre dans votre café au lait, et si le lait ne vous a jamais fait défaut non plus que le café, vous le devez à la prévoyance active de quelques bons citoyens à qui vos parents ont confié l’administration de la cité, et qui ont su résoudre cette question angoissante des vivres et des subsistances en temps de guerre. Si les familles nécessiteuses, et celles que le père ou le fils aîné ne soutenaient plus de leur travail parce qu’ils étaient partis à l’appel de la Patrie en danger, ont reçu chaque jour une bonne soupe avec une large portion de viande et de légumes, bref un repas complet, si l’on n’a pas eu faim autour de vous, on le doit à la vigilance non moins active d’autres bons citoyens, parmi lesquels se sont offerts les premiers vos maîtres, les directeurs de nos Écoles, et tout heureux de travailler avec eux en une large confraternité universitaire, les professeurs de nos Lycées et aussi de nos Facultés.

Mais des misères nouvelles, inattendues, lamentables, allaient bientôt accourir de toutes parts. On n’aura plus besoin, mes enfants, d’illustrer vos livres d’histoire d’images qui représentent