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UN SOUVENIR DES EXAMENS DE LA VIEILLE SORBONNE

Quarante absences au cours d’une année suffisaient pour faire prononcer l’exclusion. La licence obtenue, restait une nouvelle série de trois actes qui ouvraient l’entrée dans la corporation des maîtres : la Vespérie, l’Aulique et la Résompte, dont les épreuves se succédaient environ de six mois en six mois[1]. À la vérité, comme on l’a dit spirituellement, ces cérémonies des maîtrises étaient à la licence ce que les noces sont à la bénédiction nuptiale : une solennité célébrée en l’honneur et à l’occasion du sacrement qu’on venait de recevoir. Cependant elles étaient nécessaires pour donner le droit de siéger et de discuter dans les assemblées de la Faculté.

Nul n’avançait dans la carrière que par degré. D’Argentré ne cite qu’un cas de dispense de la série complète des épreuves, inaudita dispensatio ; il s’applique à Richelieu qui venait d’être nommé évêque de Luçon[2]. Le futur cardinal ne fit que le premier acte de théologie, la. Tentative. Elle lui valut, par collation, le titre et les droits de docteur. Il semble que le sujet de thèse qu’il avait choisi, en même temps qu’il annonçait sa grandeur future, fût upe justification de cette exception. C’est dans cet acte, en effet, qu’il traita la question célèbre : quis erit similis mihi ? Qui me vaudra[3] ?

  1. Quinze jours avant ses Vespéries, le licencié choisissait quatre questions qu’il devait discuter deux dans la Vespérie, deux dans l’Aulique. La Faculté désignait celui des anciens qui devait présider la Vespérie. Après avoir entendu toutes les argumentations, le candidat concluait. Le président rouvrait alors la discussion contre le licencié, mais sans que le licencié y prît part, et la séance se terminait par l’éloge qu’on faisait de ses mérites. L’épreuve tirait son nom du moment de la journée où elle se soutenait. L’Aulique avait lieu dans la salle de l’archevêché, in aula episcopi. On argumentait contre le candidat sans qu’il intervint. L’acte se terminait par l’imposition du bonnet de docteur. La Résompte, comme l’indique le mot, consistait dans la reprise des questions de l’Aulique : c’était une sorte de passe d’armes que le candidat dirigeait, à titre de maître en possession de la régence.
  2. D’Argentré, De novis erroribus, t. II, 1re partie, De Thesibus episcoporum, p. 541. La Faculté de théologie avait spécialement enregistré cette exception dans les procès-verbaux : Armandus Joannes du Plessis de Richelieu, nominatus Episcopus Lucionensis, supplicat ut dispensetur de tempore requisito ad primum cursum et obtinet. 1er mars 1606. (Ordo censurarum sacro Facultatis ab anno 1610 ad annum 1664, f° 62. Biblioth. nat., Mss. fonds latin, in-f°, 15438.
  3. Amelot de la Houssaye, Mémoires historiques, politiques, critiques et littéraires, t. Ier, p. 36.