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un reste d’idolâtrie pour la vieille école. » Tout appareil pédantesque sera écarté. On commencera par la logique, et l’on tâchera d’apprendre à raisonner juste sans s’inquiéter de savoir si l’on argumente en baroco ou en barbara. Puis viendra l’étude de la physique. Après avoir appris ce qu’est un corps, on divisera les êtres corporels en deux espèces : les corps vivants ou animés, comme les plantes, les animaux et le corps de l’homme, et les corps inanimés comme le globe terrestre, les métaux qu’il renferme et « la grande machine des cieux ». C’est elle qu’on étudiera d’abord, puis on redescendra sur la terre ; mais dans l’espace intermédiaire on rencontrera les météores, et l’on cherchera la cause des nuées, de la rosée, de la neige, de la grêle, etc. L’abbé de Pons rattache ainsi successivement à la physique la géographie, la minéralogie, la botanique, la zoologie, l’anatomie et la physiologie, et examine, chemin faisant, les différents systèmes des savants et des philosophes. Rien d’aride et de fastidieux dans cette revue rapide, qui offre à chaque instantà notre abbé l’occasion de placer une réflexion piquante ou un aperçu ingénieux. Ce cours d’études achevé, le disciple est prêt à entrer « en commerce avec les êtres intelligents ». Ce sera l’objet de la métaphysique et de la morale.

Nous n’entrerons pas dans les divisions de la métaphysique, qui, selon l’abbé de Pons, comprend la connaissance de Dieu, des anges et de l’âme humaine. Nous arriverons tout de suite à la morale, que notre auteur ne sépare naturellement pas de la religion et à laquelle il rattache l’étude des lois humaines, tant ecclésiastiques que civiles. « Un galant homme ne devrait pas ignorer absolument les lois civiles de sa nation. Nous n’avons point en France de jurisprudence fixe : la fatale multiplicité de nos coutumes rendrait cette étude immense ; mais au moins devrait-on apprendre à tout gentilhomme la coutume particulière de la province où les biens de sa famille sont situés. » Ce n’est qu’après avoir ainsi fait parcourir le cycle complet des études à son disciple que l’abbé de Pons songe à lui apprendre la langue latine. Il ne s’effraie pas de commencer si tard, car il assure que son élève « fera plus de progrès dans une année que l’on n’en fait pour l’ordinaire dans tout le long cours des humanités ». Il lira les auteurs anciens et comparera leurs productions avec celles des