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LA PRESSE ET LES LIVRES

public, M. Langlois exprime le vœu de voir cette science pénétrer dans les lycées, de façon « que des notions positives se substituent, en matière d’art, chez les futurs hommes bien élevés, à l’ignorance totale ou aux généralités littéraires ». Mais c’est surtout, selon M. Langlois, dans les programmes de l’enseignement supérieur que s’impose une réforme à ce point de vue. Il faudrait créer, dans les facultés, des conférences d’histoire de l’art comme on a créé des conférences de philologie romane. Et pour donner une sanction à ces nouvelles études, il conviendrait d’exiger des candidats à l’agrégation la preuve qu’ils ont suivi ces conférences et en ont profité.

Il est à souhaiter que les réformes réclamées par M. Langlois soient promptement réalisées. Mais, en attendant, des efforts individuels ont déjà montre qu’en pareille matière l’initiative privée des maîtres peut beaucoup. Même avec les programmes actuels, les professeurs qui s’intéressent à ces études et qui veulent en inspirer le goût à leurs élèves trouvent facilement l’occasion de donner un aperçu de l’histoire de l’art. D’autre part, cet outillage à bon marché dont parle M. Langlois a déjà été mis à profit dans plus d’un établissement. M. J. Steeg a parlé ici, récemment, d’un musée de l’histoire de l’art organisé au lycée de jeunes filles du Havre et montré qu’on pouvait, à très peu de frais, en constituer d’analogues dans les écoles normales et même les écoles primaires supérieures. Il ne reste qu’à suivre ces conseils et ces exemples.

Une encyclopédie enfantine au xviiie siècle. M. Bancal, inspecteur primaire à Apt, a fait don au Musée pédagogique d’un petit livre assez curieux. C’est une réimpression d’un Abrégé de toutes les sciences à l’usage des enfants, publié en 1767, par Formey, conseiller privé du roi de Prusse et secrétaire perpétuel de l’Académie de Berlin.

L’exemplaire offert par M. Bancal a été imprimé à Avignon en 1788. Il ne porte pas de nom d’auteur et fait partie d’une nouvelle édition « refondue, beaucoup augmentée et corrigée dans toutes ses parties, afin de la rendre propre pour l’usage des écoles des pays catholiques ». Il est intéressant de se reporter à un siècle en arrière et de voir quelle était, à la veille de la Révolution, la somme de connaissances jugée indispensable aux enfants et sous quelle forme elle était présentée. L’Abrégé de toutes les sciences est un petit manuel in-12 de 190 pages, rédigé par demandes et par réponses, qui ne répond que trop fidèlement à son titre. Au lieu de choisir les connaissances les plus immédiatement nécessaires aux enfants et d’écarter tout ce qui n’est pas à leur portée, l’auteur passe en revue toutes les sciences, depuis l’écriture jusqu’à la métaphysique, sans oublier les sciences qui peuvent paraître accessoires, comme la danse et le blason. Étant donné les proportions de l’ouvrage, on voit aisément quelle part est faite à chaque branche de cet enseignement encyclopédique. La plupart des sciences n’y figurent que par la définition qui en est donnée. Si du moins, c’était au bénéfice de la grammaire, de l’arithmé-