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REVUE PÉDAGOGIQUE

démonstration, et pour les grands élèves dans les écoles qui sont pourvues d’un atelier et de quelques outils pour le travail manuel).

Ce travail manuel, qu’il ne faut pas confondre, ainsi que je l’ai dit plus haut, avec les exercices plus spéciaux et plus compliqués de l’enseignement professionnel, ne comporte que des ouvrages simples et usuels qui peuvent être utiles dans toutes les professions, dont chacun peut avoir besoin tous les jours dans la vie ordinaire, et qu’il est bon de savoir exécuter soi-même, particulièrement en Algérie, où les ouvriers coûtent cher et ne sont pas toujours sous la main. Par exemple confection de cordes, de liens, de filets, de paniers, de couffins, de chapeaux, de semelles de chaussures, de cages et de corbeilles, de paillassons, de nattes ; de boîtes de carton, d’objets en fil de fer, supports, trépieds, ressorts, grils, grillages, crochets, chaînes, agrafes, supports d’abat-jour, paniers à salade ; d’ouvrages en bois, caisses, bancs, cadres, étagères, manches d’outils, râteaux, raccommodages de toute espèce.

De même, le travail agricole au jardin ou dans le champ de démonstration, ne sera pas réellement l’apprentissage du métier de cultivateur, mais une application des notions théoriques élémentaires qui devront être données aux élèves sur la culture des céréales, des légumes, des arbres fruitiers, de la vigne…

Les notions élémentaires sur les sciences usuelles qui, bien enseignées, ont aussi une utilité pratique, en même temps qu’un effet éducatif (1 heure par semaine dans le cours moyen).

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Lorsque l’instruction primaire des indigènes sera bien organisée et bien dirigée, elle ne produira encore, il ne faut pas se le dissimuler, qu’un commencement d’amélioration sociale, commencement dont les traces s’effaceront promptement si l’école primaire n’est pas continuée par d’autres institutions propres à la soutenir, à la compléter, à tirer parti des éléments qu’elle aura préparés.

En France, un enfant qui a reçu une bonne éducation élémentaire acquiert, par ce fait même, une supériorité incontestable sur ceux qui en restent dépourvus, parce qu’il trouve autour de lui les moyens d’utiliser les connaissances qu’il possède. Il est plus apte à apprendre le métier que lui enseigne son père et à y faire des progrès, s’il reste dans sa famille ; à profiter des conseils d’un patron ou d’un maître ouvrier, s’il entre en apprentissage ; à s’assimiler les leçons de ses maîtres, s’il suit les cours d’une école de commerce, d’industrie ou d’agriculture ; à s’élever enfin jusqu’à une profession libérale, s’il est en état d’aborder avec fruit les études d’enseignement secondaire et d’enseignement supérieur.

Dans l’état actuel des choses, un élève indigène qui sort de l’école primaire muni d’une bonne instruction française n’a guère, sur ses camarades ignorants, qu’un avantage moral et, pour ainsi dire, platonique celui de l’éducation. Il ne possède sur eux aucune avance