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imputables aux dispositions particulières de tel ou tel général de division. Puis, quand un arrêté du gouverneur général (2 mai 1865) eut mis leur entretien à la charge des communes, plusieurs de ces établissements sombrèrent dans cette révolution : par exemple, la municipalité de Blida supprima l’école arabe-française dont on lui avait fait l’onéreux cadeau. Il en fut de même à Cherchell. Enfin, quand le décret du 15 août 1875 et l’arrêté ministériel du 26 février 1876 eurent confié au recteur d’Alger la direction des écoles arabes-françaises situées même en territoire de commandement, l’autorité militaire se désintéressa de leur sort. C’est pourquoi il n’en subsistait que six ou sept en 1880.

En outre, pour avoir une idée de la situation scolaire à cette date, il faut tenir compte des élèves indigènes admis dans des écoles françaises ou dans des classes annexes à ces écoles. Leur présence a été longtemps précaire et l’est encore. Quand la maison devient trop étroite pour recevoir tous les enfants européens qui s’y présentent, il est trop naturel que la municipalité élue soit tentée de faire de la place aux dépens des petits musulmans. Je citerai un exemple : en mai 1879, la commune, alors indigène (aujourd’hui mixte), de Fort-National avait refusé à la commune de plein exercice du même nom toute subvention pour son école, quoiqu’elle fût fréquentée par un grand nombre d’élèves kabyles dans le premier moment de mauvaise humeur, la municipalité élue décida d’expulser ceux-ci, et de réserver les bancs aux seuls élèves européens. L’instituteur, M. Scheer, qui cumulait alors les fonctions de maître à l’école et de secrétaire à la mairie, et qui aimait ses écoliers musulmans, n’eut pas de peine, en prenant à part chacun des conseillers, de les faire revenir sur cette décision ab irato. L’école française de Fort-National est encore aujourd’hui une de celles qui contiennent le plus d’élèves kabyles et des plus studieux. Mais une délibération analogue a pu être prise en plus d’une localité, et il ne s’est pas trouvé partout un maître assez influent pour la faire annuler.

On voit combien il est difficile d’établir exactement, à cette date de 1880, la liste des écoles indigènes (nouvelles ou ci-devant arabes-françaises) ou des écoles françaises recevant une proportion notable d’élèves musulmans. Un seul chiffre nous importe : c’est celui des écoliers. Il était très faible. Même en 1882, il ne