Page:Revue pédagogique, second semestre, 1891.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée
22
REVUE PÉDAGOGIQUE

afin de ne pas transporter dans nos écoles kabyles des exercices qui n’ont été imaginés que pour de jeunes Français connaissant déjà en partie la langue, le jour où ils entrent à l’école.

Les élèves de nos écoles normales algériennes et ceux qui nous viendront des écoles normales de France auront donc tous besoin d’être spécialement formés, les uns plus, les autres moins, par une éducation professionnelle appropriée à leurs fonctions futures. Ce sera l’objet d’un cours normal particulier, dans lequel les candidats devront passer près d’un an. Je ne pense pas que nous puissions trouver, pendant les premières années, plus de 12 à 15 jeunes maîtres français prêts à accepter des emplois dans les écoles indigènes, et aptes à remplir convenablement cette tâche après une préparation d’un an. Mais j’espère qu’au bout de trois ou quatre ans nous pourrions doubler ce nombre, après avoir eu soin d’augmenter tout d’abord l’effectif de nos écoles normales.

Le recrutement des maîtres indigènes ne sera pas plus facile. Nous en employons actuellement 124, préparés à l’enseignement, pour la plupart, dans les deux cours normaux annexés, depuis 1884, aux écoles normales d’Alger et de Constantine. Au commencement, nous pouvions à peine en trouver chaque année 6 ou 8 en état de rendre des services. Nous en formons actuellement 25 par an, dont les deux tiers sont assez bons. Nous pourrons élever ce chiffre à 30 ou 40 l’an prochain et dans les deux années qui suivront, puis à 50 ou 60, et ainsi de suite en augmentant à mesure que les écoles primaires indigènes, mieux dirigées, donneront plus de résultats. Ces jeunes. gens qui, à l’origine, venaient au cours normal pour s’y préparer au certificat d’études primaires, y entrent maintenant en général pourvus de ce titre. Ils y complètent leur instruction pendant deux années d’études, y reçoivent des conseils pédagogiques et commencent à s’y former à la pratique de l’enseignement, en prenant part à la direction des exercices de l’école d’application annexée à l’école normale. Quelques-uns obtiennent à leur sortie le diplôme de capacité d’instituteur, et sont nommés instituteurs adjoints indigènes avec le même traitement que les adjoints français (de 1,200 à 1,500 fr.). Les autres, ne possédant que le certificat d’études primaires, sont employés en qualité de simples moniteurs (de 800 à 1,200 fr.). Le décret du 9 décembre 1887, reproduisant en partie les dispositions de celui du 13 février 1883, permet de leur confier soit des classes d’une école dirigée par un instituteur français, soit des écoles préparatoires surveillées de loin en loin par des instituteurs français des localités les plus rapprochées. Ce système commence à fonctionner d’une façon passable.

Beaucoup de gens qui ne connaissent qu’imparfaitement les conditions dans lesquelles nous nous trouvons, prétendent que nous pourrions marcher plus vite. « Vous exigez, nous dit l’un, que vos maîtres indigènes possèdent le certificat d’études primaires ou le brevet, c'est--