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LA MORALE DANS L’ANCIEN JAPON

invite les parents à lui envoyer leurs enfants : l’entrée de l’école est gratuite ; il refusera même les dons qu’on voudrait spontanément lui faire. Pour attirer les enfants pauvres, il prévient le public que ses élèves n’auront pas à endosser leur vêtement de cérémonie. « Les filles seront séparées des garçons par un store. Le silence est de rigueur pendant les leçons. À l’entrée et à la sortie, les plus grands surveilleront les petits. On devra faire attention au feu. »

Trois gravures illustrent le volume : l’une représente l’entrée en classe ; quelques surveillants prennent les noms ; une autre figure le départ, après la classe ; la troisième nous montre la classe même d’un côté sont les filles et de l’autre les garçons. Dans l’ouvrage, l’auteur semble avoir voulu conserver cette division. La première partie s’adresse plus spécialement aux garçons, la seconde aux filles.

L’autre volume fut publié en 1845. À en croire le titre, « Devoirs des maîtres et des serviteurs », il ne comprendrait qu’une bien petite partie de la morale. En réalité, c’est presque un code de morale pour les familles. Tous les membres de la famille et les domestiques y trouvent l’énoncé de leurs devoirs le chef de famille dans le premier chapitre, la mère dans le second, les fils dans le troisième, les filles dans le quatrième ; les chapitres V et VI sont consacrés aux domestiques mâles, le septième à la nourrice et le dernier aux servantes.

Nous avons dit qu’à la première lecture ces traités n’offraient rien de bien original. À la seconde lecture, les particularités apparaissent. Peut-être sont-elles plutôt encore dans ce qui manque à ces ouvrages que dans ce qu’ils renferment. Nous sommes frappé surtout du caractère négatif de cette morale orientale : elle défend, sans presque jamais ordonner. Le développement de la volonté n’y tient aucune place.

Cette observation faite, passons en revue les traits les plus saillants des deux opuscules.

Les Japonais ont peu innové en philosophie et en morale. On sera donc peu surpris de les voir débuter par le dogme fondamental de la Chine : le respect de la tradition et des ancêtres. On sait que les Chinois l’exagèrent jusqu’à en tirer la négation de tout progrès. Bien qu’il ait, en passant au Japon, quelque peu perdu