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NÉCROLOGIE

sources et en effets : elle est un titre durable à l’attention des lecteurs qui savent l’allemand et surtout de ceux qui l’ignorent.

En 1911, Maurice Pellisson édita chez Armand Colin un livre, Les Hommes de lettres au XVIIIe siècle, dont je pense que, dans une époque plus attentive aux études « d’ordre moral », ou mieux encore « d’ordre social », on eût beaucoup parlé. Il s’agit des rapports des hommes de lettres du siècle des philosophes avec la loi, le pouvoir, les libraires, les comédiens, le monde, l’opinion, entre eux-mêmes enfin, dans la vie privée, et dans la vie au grand jour, où quelques journaux commençaient à les introduire. L’une des idées chères à l’auteur de ce livre, c’est que, derrière l’action des écrivains très illustres, les Montesquieu, les Voltaire, les J.-J. Rousseau, des gens de lettres d’un niveau moins élevé, mais intelligents, mais actifs, mais doués d’initiative, ont agi sur leur temps et ont préparé l’avenir, d’une façon parfois plus profonde et plus persistante. Mais ce n’est pas en deux lignes qu’on peut expliquer l’idée originale et les aperçus si divers de ce travail, annoncé par l’auteur dans les termes les plus modestes : « Nous nous sommes donné quelques soins pour apporter, sur certains points, du nouveau et même de l’inédit. Mais le xvi* siècle, depuis cinquante années, a été si étudié dans tous les sens que nous ne pouvons flatter le lecteur de l’espoir que ce qu’il trouvera ici, il ne l’aura jamais vu ailleurs. Pourtant, parce que nous avons rapproché et groupé des traits que l’on a jusqu’ici laissés isolés et épars, nous nous croyons permis de penser qu’un certain air de nouveauté ne manquera pas à ce travail. » Ce n’était pas trop dire ! Les lecteurs de ce livre le mettront à un haut rang.

Le sujet de Molière avait toujours eu pour ce critique, homme d’esprit, un attrait des plus vifs. L’étude de la littérature danoise lui fournit une occasion de revenir à notre grand auteur comique. En 1908, il traduisit pour la librairie Armand Colin le Molière de Karl Mantzius. Quel que soit l’intérèt de cette introduction en France du curieux et bon travail de critique d’un étranger, Maurice Pellisson devait se faire encore plus d’honneur en écrivant, pour son propre compte, le livre Les Comédies Ballets de Molière, publié chez Hachette en 1914. Ce livre m’arrivait quelque temps avant les formidables événements qui ont détourné