Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1915.djvu/439

Cette page n’a pas encore été corrigée
423
NÉCROLOGIE

réussir dans l’enseignement supérieur, la haute culture de l’esprit, une parole fine et distinguée. » Il doit être permis d’exprimer ici le regret que les circonstances n’aient pas pu réaliser ce vœu. Dans une faculté des lettres, Maurice Pellisson n’eût pas été seulement un professeur très écouté et très goûté du grand public ; il fût devenu, je n’en doute pas, le plus sûr, le plus autorisé, le plus heureusement suggestif des chefs de laboratoire.

La surdité commençante, qui l’avait forcé de renoncer à sa classe de lycée, s’accrut encore et le mit enfin dans la nécessité de laisser de côté la tâche de l’inspecteur. De 1896 jusqu’à sa mort, il a été, faute de mieux, un des auxiliaires du Musée Pédagogique. Dans une occasion exceptionnelle, j’ai pu mesurer par moi-même toute l’étendue des services qu’il y a rendus. En 1900, il eut l’idée de constituer, pour l’Exposition Universelle, un musée d’art de l’enseignement primaire. Il rassembla les estampes, les lithographies, les photographies et autres documents figurés, relatifs à l’école, depuis le xvie siècle jusqu’à nos jours. Il forma, en très peu de temps, le noyau d’une collection qu’on aurait dû non seulement garder avec un zèle scrupuleux, mais compléter ensuite au jour le jour, et accroître indéfiniment, en confiant surtout à l’initiateur le soin de poursuivre cette œuvre.

Un témoignage plus éloquent, et plus digne d’être rappelé, de l’activité de Pellisson pendant l’année 1900, se retrouve dans les Rapports du Jury International. L’Introduction générale de ces rapports fut rédigée pour la première partie (Instruction publique ) par M. Louis Liard et par M. Ch.-V. Langlois. M. Louis Liard s’était chargé du rapport sur la France, et M. Langlois du rapport sur l’Étranger. Ces deux documents sont d’une valeur rare, et c’est un plaisir que de revoir cette forte prose, sans une ride, plus de douze années après l’impression. Sur la première feuille du livre, avant les pages qu’il écrivit alors sur l’Instruction publique en France pendant la Révolution, le Consulat et l’Empire, la Restauration, le gouvernement de Juillet, le second Empire et la troisième République, M. Liard a fait imprimer cette mention : France, par M. Louis Liard, membre de l’Institut, vice-recteur de l’Académie de Paris, avec la collaboration de M. Maurice Pellisson, inspecteur d’Académie. Cette mise à l’ordre