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REVUE PÉDAGOGIQUE

des conférences publiques. Il y produisit ses premiers essais de critique, deux études d’excellente vulgarisation : un La Bruyère, remanié plus tard pour la Collection des classiques populaires de Lecène et Oudin, et un Vauvenargues, qu’il revoyait, qu’il annotait, çà et là, très peu de temps avant la maladie à laquelle il a succombé. Ces pages, déjà anciennes, mais charmantes, mériteraient d’aller dans une de nos revues d’éducation, ou de se placer en tête d’un recueil de Morceaux choisis de l’officier-philosophe.

En 1884, Maurice Pellisson était appelé à Paris, au lycée Janson de Sailly. De septembre 1884 à novembre 1887, il y tint l’emploi de professeur de troisième, de seconde ; la rhétorique lui semblait réservée. Mais des raisons de santé l’obligèrent à prendre un congé d’inactivité. Lorsqu’il fut en état de se remettre au travail, il demanda et il obtint une nomination dans l’inspection académique. Il occupa cette fonction pendant huit années, à Mende d’abord, ensuite à Périgueux. Le recteur de l’Académie de Bordeaux, Auguste Couat, apprécia pleinement la droiture de son caractère, la sûreté pénétrante de son jugement, le charme de sa bonté, aisément « indulgente ».

Si laborieux administrateur qu’il ait toujours été, et quelques services qu’il ait rendus à l’Université dans cette condition, Maurice Pellisson aurait mieux donné toute sa mesure, s’il eût été. comme il le souhaitait, chargé de cours, puis professeur dans une Faculté des lettres. C’était sa vraie vocation. Voici ce qu’en pensait l’inspection générale, représentée par un de nos maîtres les plus clairvoyants et les plus vénérés : « Tout en s’acquittant en conscience de ses fonctions administratives, M. Pellisson a conservé son goût dominant pour l’étude. » M. Jules Lachelier s’associait donc au « désir » exprimé par l’inspecteur d’Académie d’être admis dans l’enseignement supérieur. Auguste Couat, si qualifié pour démêler les aptitudes de cet ordre, et qui eut le mérite d’attacher, par le lien d’une conférence supplémentaire, à la faculté de Bordeaux, lorsqu’il en était le doyen, le professeur de lycée Émile Faguet, portail, comme recteur, sur candidature de son subordonné ce jugement, très expressif de la part d’un homme ennemi des exagérations : « M. Pellisson désire une chaire de faculté ; il a, en effet, toutes les qualités nécessaires pour