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« On les regarde {les maîtres d’école) comme de vils mercenaires auxquels chaque communauté donne un gage comme au dernier des valets… Quoique vivant très sobrement, ils ont à peine leur subsistance. Ils n’ont aucune part des biens communaux et ne jouissent d’aucuns privilèges locaux. Ils sont regardés comme des étrangers et non comme des citoyens et n’ont point entrée aux assemblées des communes. Comme gens errants et sans aveu, ils n’y ont aucune voix délibérative[1]… »

L’égalité civile et politique, la Révolution nous l’a donnée comme à tous les autres citoyens. En même temps, elle a fait de l’instituteur un homme nouveau. En lui confiant la première éducation du futur citoyen, le législateur lui a imposé de lourdes responsabilités ; aussi l’a-t-il émancipé de la domination jalouse de l’Église pour le prendre sous sa protection. Il a relevé sa dignité morale au niveau de son rôle social. Ce dernier progrès, on le sait, restera l’honneur de la troisième République.

A. Lechevalier.
Instituteur à Cuverville-en-Caux.



  1. À citer dans le même sens ce témoignage du subdéléyué de Bourmont (1779) : « Les habitants de la campagne regardent les maîtres d’école comme des espèces de valets à gages et ils n’ont pour eux presque aucun égard. » (Schmidt, ouvrage cité, p. 23.)