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L’ÉCOLE DANS LA PRISON

à faire vivre l’individu dans un groupe social, en paix avec ses semblables et avec sa conscience. Qui ne voit l’utilité de pareilles analyses pour redresser les caractères faussés, les volontés égarées ?

Que si, maintenant, vous désirez ajouter à ces prescriptions de morale positive, le sentiment religieux inhérent à toutes les confessions, je n’y vois aucun inconvénient. L’essentiel à mes yeux, c’est que les deux enseignements soient distincts, l’un donné par l’instituteur, l’autre par les aumôniers des différents cultes. Les deux, loin de se contredire, ne feront que se compléter, sur l’éternel et conciliant terrain de la droiture et de l’honnêteté.

Entendez donc par instruction et par science : 1° l’habitude de la réflexion ; 2° le discernement attentif du bien et du mal ; 3° la direction des volontés d’après l’analyse positive de la nature humaine ; entendez enfin par religion : un ensemble de croyances élevées qui, dans toutes les confessions, tendent au même but que les analyses morales, savoir : l’amélioration de la nature humaine, — acceptez, dis-je, ces définitions et vous cesserez d’opposer l’une à l’autre la science et la religion. L’équivoque et le malentendu se trouveront dissipés et vous reconnaîtrez, sans peine, que l’école dans la prison, comme l’école hors de la prison, peut avoir foi simultanément, dans la vertu moralisatrice et de l’instruction et du sentiment religieux.

Après quelques oscillations, bien naturelles quand on songe à la difficulté du problème et à la diversité des auditeurs dans un Congrès international, j’ai pu faire adopter le principe français de la neutralité et de la laïcité[1] : « L’enseignement moral comme l’enseignement scolaire relèvera de l’instituteur ; mais à côté de lui, l’enseignement religieux sera donné par les ministres des différents cultes ». Il n’était pas mauvais que l’analogie (et non l’identité) des écoles pénitentiaires et des écoles ordinaires fût poussée jusque-là.

À la fin de cette étude sur l’utilité et la nécessité, le programme et les résultats de l’école dans la prison, sur les lacunes

  1. Ce principe avait été écarté au congrès de 1895.