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L’ÉCOLE DANS LA PRISON

entraves nécessaires qu’elle impose à tous les hommes, riches et pauvres, faibles et forts, leur faire sentir la nécessité de la répression pénale et l’obligation, pour vivre en société, de se plier à une discipline parfois assez gênante, mais qui l’est pour tous.

En troisième lieu, ces deux points acquis, rien ne s’oppose, nous l’avons reconnu, à ce qu’on leur redonne une légère teinture des connaissances primaires ou autres qu’ils ont pu acquérir autrefois. Lire, écrire, compter, cela est fort bien… mais pour des gens habitués à un travail et soumis à des habitudes régulières.

Si à ce programme on ajoute l’espérance de voir se généraliser hors de la prison l’extension de l’Assistance par le travail qui recueillera toutes prêtes les bonnes volontés préparées dans la prison, on voit que ce programme destiné à l’école dans la prison n’a rien d’utopique, qu’il est fondé sur l’observation des faits, l’analyse du cœur humain et une exacte compréhension de la sécurité sociale.

Telles sont les principales idées qui ont recueilli, grâce à nos modestes efforts, une imposante majorité au congrès de 1900. Mais nous avons rencontré certaines difficultés qu’il faut faire connaître aux collaborateurs éventuels auxquels cette étude fait appel ; car ils pourraient, à leur tour, les rencontrer et il importe de les prémunir.

Comme il fallait s’y attendre, nous avons rencontré l’éternelle objection religieuse et le scepticisme à l’égard de l’instruction, avec les considérations obligées sur la faillite de la science et de l’instruction laïque.

On pourrait opposer à ces objections une fin de non-recevoir. Elles supposent en effet que l’école dans la prison n’existe pas ou que, si elle existe, elle est inutile. Or elle existe et les statistiques authentiques, résumées ci-dessus, proclament assez haut son efficacité.

Mais il ne sera pas mauvais de prendre ces objections en elles-mêmes et de voir si elles méritent tout le crédit qu’on veut bien leur accorder.