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vœux conformes. Il a accepté également l’idée de quelques conférences ou lectures faites aux détenus, destinées à compléter tout ce que ce programme ébauché présente forcément d’incomplet.

L’entente s’est faite aussi sur le caractère essentiellement moralisateur qu’il convient de donner à cet enseignement, si spécial. Ceci, il est vrai, est extrêmement difficile quand on a affaire à des gens tarés et qui souvent se jouent de toute autorité et de toute obligation. Mais certains succès remportés doivent nous donner du courage et nous devons faire tout ce qui dépend de nous pour faire connaître à ces malheureux les principaux devoirs, avec des exemples à l’appui. IL s’agit ici d’être simple et persuasif. Mais dans toutes les descriptions qui seront faites, il faut insister sur deux idées capitales que je recommande expressément aux instituteurs et dont voici la première : l’idée de l’universalité du devoir et de la nécessité d’une discipline sociale universelle. Que le devoir soit universel, s’impose à tous, riches et pauvres, heureux et malheureux, puissants ou faibles, c’est là une idée qui nous est si familière que nous n’en discernons plus l’importance. Or, il n’est pas d’idée plus méconnue par les malheureux qui ont eu des démêlés avec les tribunaux. Il faut donc les éclairer sur ce point et multiplier les exemples simples et les descriptions précises. D’autre part, qu’une société implique l’idée d’une contrainte, d’une discipline, c’est encore la même idée, mais vue sous son côté sociologique et nécessaire. Il serait impossible à des hommes de vivre groupés s’il n’y avait pas une autorité supérieure aux volontés individuelles et qui édicte le permis ou le défendu. Cette discipline sociale est, comme l’obligation morale, universelle ; elle est également impérieuse pour tous. C’est au nom de cette autorité que les coupables sont punis et enfermés. Comment faire comprendre à ces malheureux emprisonnés qu’il était nécessaire et juste de les poursuivre et de les punir ? Ce n’est pas chose facile, mais nous aurions tort de désespérer d’y arriver, car on y est arrivé assez souvent.

Telle est la première idée fondamentale qui doit diriger toutes les causeries morales. Il en est une autre, également très impor-