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REVUE PÉDAGOGIQUE

secours ; ensuite parce que, abandonné à lui-même et repoussé de tous, il devient, je le répète, un récidiviste dangereux pour la sécurité sociale.

Enfin, l’école dans la prison a surtout pour elle, non seulement l’utilité et la nécessité sociale de son rôle, mais encore l'indiscutable privilège d’exister en France et à l’étranger et d’y produire des résultats très appréciables, malheureusement peu connus.

C’est ce qui résulte d’une enquête à laquelle j’ai procédé d’abord auprès des principaux pénologues de l’étranger, ensuite de tous les directeurs des circonscriptions pénitentiaires de France[1]. C’est cette enquête que je dois faire connaître dans ses résultats positifs.

Les représentants de l’Allemagne, de l’Angleterre, de l’Autriche, de la Belgique, du Luxembourg et de la Suisse, adhérents au Congrès de 1900, ont bien voulu répondre au questionnaire qui leur à été soumis par mes soins. Une impression uniforme se dégage immédiatement de toutes leurs réponses : l’enseignement scolaire est obligatoire dans les prisons de ces pays et il existe depuis plusieurs années dont le chiffre varie de 10 à 50.

Il est donné ici par des instituteurs, là par des aumôniers ; quelquefois individuel, il est surtout collectif.

Il porte rarement sur toutes les matières de l’enseignement primaire, mais le plus souvent sur les matières simples, indispensables, le plus immédiatement utilisables.

Enfin il paraît établi que tous les détenus le suivent avec Joie ; et ce n’est pas seulement une récréation, une diversion à l’austérité du régime, qu’ils vont y chercher, mais le moyen de reprendre confiance en eux-mêmes et d’acquérir soit quelques connaissances utiles, soit un métier, qui leur permettra de se reclasser dans la société.

  1. Avec l’agrément de M. Duffos, directeur de l’Administration pénitentiaire au ministère de l’Intérieur ; je ne saurais trop le remercier de sa haute et précieuse courtoisie.