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L’INSTRUCTION DES INDIGÈNES EN ALGÉRIE

dans la mesure de mes forces, peuvent compter sur moi. Je serais heureux, le cas échéant, de leur rendre service au Parlement, de contribuer à les faire apprécier de plus en plus en France et de resserrer les liens déjà si forts qui les unissent à la Métropole.

Vous pouvez avoir confiance dans l’avenir.

Le cabinet actuel compte parmi ses membres MM. Bourgeois, Berthelot et Combes, qui, à des titres divers, ont déjà témoigné d’une manière efficace de leur bienveillance pour les indigènes, et dont je partage les idées. Je crois même ne pas être indiscret en vous laissant espérer que M. Combes, le grand-maître actuel de l’Université, voudrait vous rendre visite ce printemps. Et le cabinet Bourgeois vient de donner aux musulmans une preuve tangible de sa sympathie. Vous avez tous appris, ces jours-ci, qu’une maison d’hôtes, un établissement d’étudiants et une mosquée vont être établis à Paris par le gouvernement français. Espérons que cela amènera un plus grand nombre d’Algériens indigènes à visiter la France ; plus on se fréquente et plus on s’apprécie.

Parmi vos soutiens les plus énergiques et les plus éminents, une mention spéciale est due ici à M. Alfred Rambaud, le savant professeur de la Faculté de Paris, récemment élu sénateur du Doubs.

Mais, dans une République démocratique, les traditions, si respectables soient-elles, et le gouvernement, ne sont pas tout. Il y a encore la volonté du pays. Cette volonté de la Mère-Patrie vous est favorable, vous le savez. Sans parler des déclarations fréquentes des ministres devant le Parlement, déclarations toujours si bien accueillies par les Chambres, je ne vous en citerai qu’un exemple partiel, mais bien significatif.

Vous savez tous quel chaleureux accueil la population de l’arrondissement qui m’a élu député, celui de Vassy, a fait aux instituteurs indigènes d’Algérie, que je lui présentais il y a quatre mois.

Je suis son interprète assuré en remerciant M. Estienne de ce qu’il vient de dire de si flatteur et de si juste pour mes commettants.

L’arrondissement de Vassy acclamait dans les instituteurs algériens comme en leurs professeurs (je voudrais pouvoir les nommer tous, mais je ne rappellerai que M. Estienne, le distingué directeur de votre école normale, et M. Poisson, directeur de l’école annexe), la cause de l’instruction et du progrès, le dévouement à la France, l’union de tous ses enfants, les instructeurs des indigènes. En outre, cet arrondissement, si voisin de la frontière et si patriote, voyait en ces maîtres les amis ou les parents de nos soldats et convoyeurs indigènes à Madagascar. Les parents des soldats français combattant sous le même drapeau ou déjà tombés comme les fils de l’Algérie dans la grande île, saluaient vos jeunes instituteurs ; et tout entiers à cette union commencée dans vos écoles, continuée sur le champ de bataille et, désormais, présage d’un pacifique et solide avenir, ils semblaient dire à la terre algérienne, non plus : Rends-moi mes soldats ; mais : Donne-moi