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REVUE PÉDAGOGIQUE

C’est ainsi qu’en moins de quinze années, le nombre des classes indigènes s’est élevé à 353 et celui des élèves de 4 000 à 20 000, avec une moyenne de fréquentation supérieure à celle des autres classes d’Algérie.

Et ce résultat, qui n’est qu’un commencement, a été obtenu grâce au dévouement des instituteurs, sans contraindre personne, sans que l’école fut obligatoire. Mais les parents qui font fréquenter nos écoles à leurs enfants savent déjà apprécier quel profit ceux-ci en retireront dans l’avenir.

Ces enfants resteront-ils chez eux, leur instruction terminée, comme agriculteurs, ouvriers, commerçants, ce que pour ma part je leur souhaite, leur connaissance du français écrit et parlé facilitera leurs rapports avec l’administration, la justice ou les colons. Cette connaissance leur permettra éventuellement de mieux défendre leurs intérêts, d’être informés d’une façon plus exacte du prix des denrées, de tirer de la vente de leurs produits des avantages plus complets, ou enfin de trafiquer avec les colons dans des conditions plus rémunératrices pour les uns et les autres au bénéfice réciproque de l’Algérie et de la Métropole.

Tout au contraire, les élèves des écoles indigènes embrasseront-ils au sortir de la classe une des carrières administratives, trop peu nombreuses à mon gré, mises en ce moment à leur disposition par nos lois et règlements, leur avancement y sera plus rapide et les relations avec leurs chefs beaucoup meilleures.

Je vous disais tout à l’heure que ce que la France a fait en Algérie pour les écoles indigènes était dans ses habitudes de générosité ; mais ce n’est pas seulement en Algérie, c’est partout qu’elle est cordiale et sympathique aux musulmans.

C’est là, depuis François Ier, depuis près de quatre cents ans, une des traditions les plus continues de sa diplomatie et de ses gouvernements.

À Constantinople aussi bien qu’en Égypte, au Maroc aussi bien qu’en Roumélie orientale et en Tunisie, j’ai pu constater par moi-même, comme diplomate, qu’elle leur témoigne ou leur fait témoigner partout sa bienveillance ou son intérêt.

Il en est de même à La Mecque.

Et ici permettez-moi de placer un souvenir personnel. Il y a quelque quinze ans, j’étais secrétaire à l’Agence et Consulat général de la République française au Caire. À ce titre, j’ai eu l’honneur de faire, dans le port de Suez, avec mon chef et ami le baron de Ring, ministre de France en Égypte, ce diplomate éminent si longtemps apprécié de tous les patriotes égyptiens, une visite au Grand Chérif de La Mecque, pour recommander tout spécialement à sa bienveillance, de la part du gouvernement français, les pèlerins algériens.

J’étais donc tout préparé à m’intéresser aux écoles indigènes de l’Algérie, dont les maîtres et les élèves, je crois le leur avoir montré