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REVUE PÉDAGOGIQUE

par la France et lui a été même souvent reprochée. M. Jules Cambon l’a encore rappelée de sa voix autorisée dans son dernier discours à la Chambre ; il n’a fait, du reste, que confirmer ses actes depuis qu’il préside aux destinées de notre beau pays.

Messieurs, je porte, en commençant, un toast à l’éminent gouverneur général de l’Algérie !

Pour arriver à un résultat si désirable, c’est-à-dire gagner le cœur des indigènes, il est nécessaire de recourir à plusieurs moyens et de les mettre simultanément en œuvre ; mais, à mon avis, le plus efficace, le plus rapide et le plus conforme à la dignité consiste dans la diffusion de l’instruction parmi les masses. L’ignorance est, en effet, l’ennemie mortelle du genre humain, la véritable cause de bien des malentendus et de bien des déceptions ; elle engendre les préjugés, développe le fanatisme et détruit toute notion de justice.

C’est ce qu’a compris M. le recteur Jeanmaire, qui voit avec une légitime satisfaction ses efforts de jour en jour couronnés de succès en dépit de tous les obstacles et de toutes les résistances !

Messieurs, levons nos verres en témoignage des sentiments de respect, de dévouement et de reconnaissance que nous devons à l’énergique et vaillant chef de l’académie !

La cause si juste qu’il prend à cœur et à laquelle nous collaborons, chacun dans sa modeste sphère, a trouvé naguère en vous, Monsieur le député, un éloquent défenseur auprès de vos honorables collègues du Palais-Bourbon, que vous avez su convaincre et nous rallier par l’autorité de votre parole. Cette généreuse et mémorable intervention, uniquement inspirée par l’intérêt national et l’amour du prochain, a sauvé une situation en péril, relevé le moral des uns, ranimé le zèle des autres, réjoui nos cœurs au delà de toute expression, et consolidé, pour longtemps, une œuvre pleine de promesses !

Honneur, Messieurs, au député de la Haute-Marne, qui daigne s’intéresser à nous autant que deux patriotes inoubliables : Jules Ferry et Burdeau ! Buvons à l’unisson pour rendre hommage à notre sympathique protecteur du Parlement, dont l’amitié, désormais, nous est sûrement acquise ! À la santé de M. Rozet !

Sur cette terre africaine et à jamais française, où vous venez tous les ans trouver un repos mérité, ce n’est pas la lumière physique si caressante en plein hiver et si resplendissante en ce jour d’allégresse, qui manque à ses populations primitives et d’un passé éminemment historique ; c’est la lumière de l’intelligence, qui éclaire les âmes et dont elles sont déshéritées, que nous réclamons pour elles dans un but patriotique les mettre à même d’apprécier la France et de l’aimer, de répondre à ses bienfaits et à sa vive sollicitude. Donnez— la sans crainte, cette lumière, comme vous l’avez fait jusqu’ici, progressive et sagement mesurée, l’excès en tout pouvant devenir nuisible ; mais gardez— vous bien de ralentir le mouvement commencé le recul est indigne d’une grande nation comme la vôtre, à laquelle nous sommes