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REVUE PÉDAGOGIQUE

» Un certain nombre de spécimens sont réservés pour faire honneur à l’établissement, le reste est utilisé en partie dans les cours préliminaires pour donner la pratique des outils, ou détruit[1]. »

D’après notre courte expérience, nous pensons qu’en introduisant l’enseignement manuel dans les écoles, nous les gratifions d’un travail éducatif :

En retenant les enfants plus longtemps à l’école ;

En favorisant leur développement ;

En leur faisant contracter des habitudes d’ordre et de discipline ;

En les munissant d’une force morale ;

En relevant la dignité du travail manuel par l’extirpation des idées fausses sur la dégradation qui s’y trouverait attachée.

Ces conclusions tirées de notre essai sur les garçons, reste à arrêter le plan qui permettrait d’étendre le même système aux filles.

Si l’on considère que ce mode de travail est absolument éducatif, qu’il développe le jugement et les facultés d’exécution mieux que tous les plans suivis jusqu’à présent, la logique de la situation réclamerait comme tout à fait opportun qu’un mode identique fut appliqué à l’éducation des filles.

Bien que dans plusieurs villes, celles-ci aient été admise dans les ateliers et qu’elles y aient suivi les cours avec autant de succès que les garçons, et bien que ce résultat dût amener forcément à la conclusion que le même plan leur était applicable, la pratique générale s’en est tenue pour elles à la couture et à la cuisine.

Il me semble que si la couture doit être introduite, c’est surtout dans les classes de grammaire. L’admission du système complet n’exigerait, sans doute, que deux maîtresses spéciales, au plus, qui donne raient une seule leçon par semaine dans toutes ces écoles ; mais les élèves des écoles supérieures sont d’un âge et dans un milieu qui rendent superflu l’enseignement de la couture ordinaire.

Mon expérience actuelle ne me permet pas de préciser la forme spéciale d’enseignement manuel qui serait à introduire dans les écoles de grammaire et primaires. Comme préparation, nous avons le dessin aux divers degrés qui, à quelques modifications près, est le fondement de l’enseignement manuel. Dans les écoles les plus élémentaires, nous avons la méthode des jardins d’enfants avec l’instruction constante, portant sur la forme et la couleur, le modelage à l’argile ou au sable, lequel, à la condition d’être entendu dans le même esprit, comme complément du dessin, devra constituer un bon cours préparatoire aux travaux d’atelier des écoles supérieures ; c’est arrivés là que les élèves auront atteint une maturité physique et mentale qui les rendrait aptes à manier de réels outils en vue d’exécutions effectives.

  1. La partie entre guillemets est entendue identiquement de la même façon à l’école de la rue Tournefort et dans toutes les écoles normales.