Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1889.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée
91
NÉCROLOGIE : MADAME DE BARRAU

ès sciences naturelles, va être docteur-médecin aux premiers jours ; sa fille adoptive, Mlle Leblois, est docteur de la Faculté des sciences de Paris… Mme de Barrau n’était pas une utopiste ; elle voulait le beau et le bien parce qu’elle avait l’âme bonne et belle, et elle savait arriver pour les autres au bien et au beau. Dans tous les comités d’éducation dont elle faisait partie, notamment aux Écoles enfantines et à l’École Braille, elle apportait, avec des idées, les moyens pratiques de les réaliser.

À côté de l’éducatrice, et inséparable de celle-ci, il y avait la femme insatiable de faire le bien ; elle l’accomplissait, non pas en dame de charité, mais en femme bienfaisante ; non pas en philanthrope, mais en donneuse de son esprit et de son cœur. Un jour c’était une enfant maltraitée qu’elle achetait à son père ; le lendemain c’étaient des orphelines qu’elle plaçait à ses frais dans des familles ou des établissements d’éducation ; d’autres fois c’étaient des malades qu’elle envoyait aux bains de mer ou dans des stations de montagne ; d’autres fois enfin c’étaient des jeunes filles françaises ou étrangères dont elle facilitait les études par ses générosités, par son influence, par sa chère protection à laquelle rien ne résistait ; partout c’était sa bonté active, infatigable, modeste et quasi honteuse de se révéler ainsi à tous instants.

Mais le dévouement à des individus isolés ne lui suffisait pas. Préoccupée des questions sociales, auxquelles elle consacra souvent sa plume (elle est l’auteur d’une étude très complète sur le Salaire des ouvrières à Paris, et d’une brochure intitulée les femmes de la campagne à Paris), persuadée que la ligue contre le mal ne sera jamais ni trop nombreuse ni trop compacte, elle s’offrit à des sociétés déjà existantes et en créa elle-même d’autres. C’est ainsi que de 1882 à 1887 elle réorganisa et dirigea l’Œuvre des libérées de Saint-Lazare, et qu’en 1887 elle fonda, avec moi son amie privilégiée, l’Union française pour le sauvetage de l’enfance.

C’est là qu’elle a été terrassée par la mort impitoyable quelque temps après son retour d’une tournée d’inspection des enfants assistés (Tarn, Aveyron, Tarn-et-Garonne, Hérault) que lui avait confiée, à titre purement gratuit, le directeur de l’Assistance publique au ministère de l’intérieur.

Mme de Barrau était atteinte depuis 1871 de la maladie qui