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REVUE PÉDAGOGIQUE

France si haut » ; dans les impressions de sa jeunesse, il le re voyait, sous l’image du dernier roi légitime, comme une victime des fautes d’imprudents conseillers. Ce furent les deux motifs qui déterminèrent son choix. Pour traiter le sujet, il s’imposa un labeur dont jusque-là il n’avait ni senti le goût, ni fait l’expérience : il compulsa méthodiquement, la plume à la main, tous les mémoires sur l’histoire de France, de Villehardouin à Mirabeau, afin de se rendre compte, siècle par siècle, du travail de la monarchie. Cependant le livre est moins une étude de critique et d’histoire qu’une œuvre de sentiment. M. de Falloux ne méconnaît aucune des faiblesses de Louis XVI, il n’excuse ni la disgrâce de Turgot, ni l’exil de Necker : mais il est plus touché des vertus du roi qu’ému de ses fautes. « Ce qui lui manqua, dit-il, ce fut le concours des grands corps de la nation. Plus tard, dans ses Mémoires, se jugeant lui-même, il écrira que, s’il avait conçu son livre à la fin de sa carrière, « il aurait fait ressortir davantage que ce sut la longue désuétude des États-généraux qui créa le danger de 1789 ; il aurait davantage insisté sur l’aveuglement prolongé et conséquemment sur la responsabilité des classes privilégiées ». Il croit du moins pouvoir se rendre cette justice qu’en honorant le roi comme un modèle, en le pleurant comme un martyr, il n’a pas consacré une ligne à l’apologie du pouvoir absolu et que partout il prend parti pour la liberté sagement réglée. Ce sont ses conclusions. Elles renfermaient à la fois un hommage et une leçon : un hommage au principe monarchique, une leçon à l’adresse de ceux qui l’avaient compromis.

Louis XVI était une satisfaction donnée à sa foi politique ; l’Histoire de saint Pie V fut le tribut payé à ses convictions religieuses. Le P. Lacordaire, qui venait de publier son Mémoire pour le rétablissement des frères prêcheurs, lui avait indiqué trois vieilles biographies de saints qu’il croyait dignes d’être rajeunies par sa plume. M. de Falloux préféra la vie du pape, ancien frère prêcheur aussi, qui avait consacré les décrets du concile de Trente, repoussé par le bras du vainqueur de Lépante les menaces de l’Islamisme, et entrepris de rétablir, avec l’épée de Philippe II, l’unité de la catholicité. Mais, avant de monter sur la chaire de saint Pierre, Ghislieri avait été commissaire général du saint office. Il est aujourd’hui en France des questions qui ne se discutent plus :