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Nouvelle série. Tome XII.
N° 2.

REVUE PÉDAGOGIQUE

DISCOURS
PRONONCÉ À L’ACADÉMIE FRANÇAISE PAR M. GRÉARD
Le 19 janvier 1888.


[Le 19 janvier dernier, l’Académie française procédait en séance solennelle à la réception de M. Gréard. Le récipiendaire avait à faire l’éloge de M. de Falloux, qui fui pendant près d’un demi-siècle un champion militant de la monarchie et de l’Église et qui est connu surtout comme le principal auteur de la loi du 15 mars 1850. Le duc de Broglie, directeur de l’Académie, devait répondre à ce discours et souhaiter la bienvenue au nouvel académicien. M. Gréard s’est acquitté de sa tâche si délicate de manière à conquérir tous les suffrages ; jamais peut-être il n’avait montré avec plus d’éclat, plus de sûreté, et en même temps dans des circonstances plus difficiles, le talent consommé de l’écrivain, les qualités supérieures de l’orateur, avec toute l’autorité d’un des maîtres de la science pédagogique. Sans rien sacrifier de sa doctrine propre, il a su rendre hommage au caractère de M. de Falloux, à ses talents ; il a tracé de lui un portrait dont les amis de l’écrivain catholique se sont accordés à louer la ressemblance, et qui restera comme une page accomplie : il a en même temps exprimé ses réserves, avec la discrétion que commandaient les convenances académiques, mais avec une si noble fermeté et une telle élévation d’idées que les adversaires même les plus prévenus ne pouvaient s’empêcher d’y rendre un entier hommage.

Nous reproduisons ce discours, dont la place était toute marquée en tête de ce numéro, puisque celui qui l’a écrit veut bien nous autoriser à le compter au nombre de nos collaborateurs. — La Rédaction.]

Messieurs,

La science de l’éducation n’est pas une science nouvelle dans un pays qui compte parmi ses maîtres Rollin, Fénelon et J.-J. Rousseau. Mais jamais elle n’a été mise par les préoccupations de l’es prit public en si haut rang, jamais elle ne fut plus nécessaire. Vous lui donnez aujourd’hui la consécration de votre autorité. De ce suprême honneur je ne veux retenir pour moi qu’un encouragement à continuer de la servir.

À la reconnaissance qui me pénètre s’ajoute en ce moment une autre émotion : l’inquiétude du grave et délicat devoir que vos bienveillants suffrages m’ont imposé. J’ai besoin de me souvenir de l’esprit qui vous anime. « Vous êtes, disait un de vos anciens, une galerie de quarante portraits que, par malheur, il faut rem-

REVUE PÉDAGOGIQUE 1888. – 1er sem.
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