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LA PRESSE ET LES LIVRES

Ce qui importe, c’est que l’instituteur conquière une forte autorité morale, et M. Mœhr donne à cet égard quelques utiles conseils. Il veut que le maître ne reçoive pas de cadeaux des enfants, mais que surtout il se garde bien, par d’habiles paroles, d’en solliciter et d’en faire naître la pensée. Qu’il ne manifeste pas de préférence ou d’antipathie fondée sur la nationalité, l’état, les vêtements, qu’il ne traite pas de façon spéciale ceux des élèves auxquels ou dans la famille desquels il donne des répétitions, qu’il s’applique à relever soigneusement le travail, la bonne volonté, la persévérance, et il verra peu à peu les mauvais élèves s’améliorer sous l’influence de meilleurs instincts. Les châtiments corporels n’amènent rien de semblable, Et qui ne frémirait pas à la pensée qu’ils peuvent frapper un innocent ?

Cette observation de M. Mœhr remet en mémoire les réflexions de Rousseau à propos d’un épisode de son enfance qu’il raconte avec tant de passion et qu’il n’a jamais pu oublier de sa vie. Battu pour une faute qu’il n’avait pas commise, il sentait cinquante ans après son pouls s’élever encore à ce souvenir : « Ces moments, dit-il, me seraient toujours présents quand je vivrais cent mille ans. »

M. Mœhr termine par ces mots : « Si nous voulons sauvegarder la noblesse de notre vocation, ne pas retomber dans l’abîme de mépris et de raillerie où nous avait jetés l’usage de la férule, il nous faut renoncer absolument aux châtiments corporels, et chercher à agir sur la jeunesse et sur les familles par des paroles de réprimande et d’encouragement, par notre application consciencieuse aux devoirs, par une conduite noble et élevée, par des qualités morales et sociales. »

Ces vues paraîtront sans doute à nos lecteurs infiniment plus pédagogiques, pour ne pas dire autre chose, que les douze points votés par le Congrès de la Prusse orientale.

Les livres d’étrennes. — La Preussische Lehrerzeitung cherche les moyens de propager les bons livres dans les familles, et de faire obstacle.à la multitude de livres insignifiants ou sots qui trouvent de si larges débouchés. Elle pense que les instituteurs ne peuvent pas se désintéresser de cette question et qu’ils doivent être les conseillers intelligents et écoutés des parents.

Voici le moyen qu’elle propose. Chaque cercle, collège ou groupe d’instituteurs nomme dans ses rangs une commission de la Bibliothèque pour la jeunesse, elle se met en rapport avec les libraires et bibliothèques du lieu ; elle examine tous les livres récents et porte un jugement.

Puis elle fait imprimer des circulaires qu’elle envoie aux familles vers le commencement de décembre. Ces circulaires préviennent les parents qui ont le désir de donner des livres à leurs enfants pour leurs étrennes qu’on les invite à consulter le catalogue dressé par