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NÉCROLOGIE

sommairement, catégoriquement, à l’américaine, d’après ce seul criterium : « Telle pratique, telle méthode, est-elle propre à former des hommes libres ? » ou encore : « Si on l’adopte, nos élèves en vaudront-ils mieux par l’esprit ou par le caractère ? Oui, alors elle est bonne. Sinon, non. »

Nous n’avons pas le dessein d’entreprendre ici ni la biographie de M. Philbrick ni l’étude approfondie de son œuvre scolaire. Mais qu’on nous permette de reproduire quelques lignes de lui qui le peignent mieux que ne feraient tous les éloges. C’est à la fin d’un de ses derniers rapports au Comité des écoles de Boston ; il allait résigner ses fonctions, et il ne pouvait se défendre d’un retour sur lui-même au moment d’adresser à ses concitoyens un dernier adieu :

« Pendant plus de trente années, écrivait-il, toutes, sauf quatre, passées dans cette ville, j’ai été attaché sans un jour d’interruption et en diverses situations au service des écoles publiques. C’est ici que j’ai fait toute ma carrière professionnelle ; c’était la carrière de mon choix, et ma plus haute ambition. J’y ai mis mon cœur. J’y ai trouvé ce que j’avais désiré, le moyen d’apporter mon humble contribution au bien général. J’en suis reconnaissant. Je ne cesserai de l’être pour tous ceux qui ont coopéré avec moi et secondé mes efforts pour faire des écoles publiques de Boston les meilleures du monde. Et je me hasarderai à dire que je ne crois pas nuire à la cause de l’instruction, au moment où je quitte cette place, en souhaïitant à celui que vous y appellerez, quel qu’il soit, de me ressembler par la droiture des intentions, et de me surpasser par l’étendue des capacités. »


PIERRE SICILIANI

La pédagogie italienne est en deuil d’un de ses maîtres les plus renommés. Comme la Revue l’a annoncé dans son numéro de janvier (Courrier de l’Extérieur, p. 94), Pierre Siciliani, professeur de philosophie et de pédagogie à l’Université de Bologne, a été subitement enlevé à l’affection de sa famille et à l’estime de ses nombreux amis.

Cette perte a été vivement ressentie de l’autre côté des Alpes. Elle le sera aussi en France, où le nom et les travaux de Siciliani étaient honorablement connus. Nous devons notre part de regrets à un homme qui, très bien informé lui-même de tout ce qui se faisait à l’étranger, avait témoigné bien des fois de ses propres sympathies pour la France, pour la philosophie et la pédagogie françaises. Quelques-uns de ses livres avaient été traduits ou commentés dans notre langue. Dans la République française, M. Jules Soury a rendu