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contenterait-on pas de donner à l’unité de valeur le nom même du poids dont elle est formée ? Le gramme étant aujourd’hui, en France, l’unité employée pour mesurer le poids, il était souverainement inutile d’en inventer une autre pour mesurer la richesse sociale ou la valeur. Il fallait compter la valeur par grammes, comme autrefois on la comptait par livres. Il fallait prendre tout simplement pour unité de valeur le gramme pesant d’argent à de fin.

« La valeur d’un morceau d’argent, dit M. Say (et ici je me range complétement à l’opinion judicieuse de ce célèbre économiste), la valeur d’un morceau d’argent se règle de gré à gré dans les transactions qui se font entre les particuliers, ou entre le gouvernement et les particuliers : il convient d’abandonner la sotte prétention de fixer d’avance cette valeur, et de lui donner arbitrairement un nom. Qu’est-ce qu’une piastre, un ducat, un florin, une livre sterling, un franc ? Peut-on voir autre chose en tout cela que des morceaux d’or ou d’argent ayant un certain poids et un certain titre ? Si l’on n’y peut voir autre chose, pourquoi donnerait-on à ces lingots un autre nom que le leur, que celui qui désigne leur nature et leur poids

» Cinq grammes d’argent, dit-on, vaudront un franc : cette phrase n’a aucun autre sens que celui-ci : cinq grammes d’argent vaudront cinq grammes d’argent ; car l’idée qu’on a d’un franc ne vient que des cinq grammes d’argent dont il se compose. Le blé, le chocolat, la cire, prennent-ils un nom différent lorsqu’ils sont divisés suivant leurs poids ? Une livre pesant de pain, de chocolat, de bougie, s’appelle-t-elle autre-