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suivant le temps, ou, pour mieux dire, il paraît prouvé qu’elle décroît continuellement. Tout le monde sait qu’après la découverte de l’Amérique, la valeur des métaux précieux a considérablement diminué de ce qu’elle était dans l’antiquité. Il paraît constant que de puis cette époque, la valeur des métaux précieux ne s’est pas maintenue au même niveau, mais qu’elle a continué à décroitre[1]. Voilà le véritable inconvénient qu’elle nous présente, lorsque nous l’employons à mesurer les autres valeurs. Il résulte de cette observation que la valeur des métaux précieux ne peut pas nous servir à comparer des valeurs qui sont séparées l’une de l’autre par un long intervalle de temps, c’est-à-dire par un ou plusieurs siècles. Lorsqu’une appréciation de ce genre est demandée, il faut nécessairement que nous tenions compte du changement qui est survenu dans la valeur du terme de comparaison. Hors de là, cette mesure est excellente, et, à défaut de toute autre, il a bien fallu s’en contenter. Les appréciations de richesse que nous sommes appelés à faire tous les jours, ne se bornent pas à comparer des valeurs qui soient séparées par un long espace de temps. Les appréciations de ce genre, reléguées, pour la plupart, dans le domaine de la science et de la statistique, ne forment que le très petit nombre des comparaisons dont il nous importe de connaître le résultat. Les évaluations les plus nombreuses et les plus fréquentes que nous ayons à faire, se rapportent évidemment à des valeurs placées autour de nous ou à quelque distance du lieu

  1. Voyez le Traité d’Économie politique de M. Say, livre II, chap. 3.