Page:Revue franco-americaine - volume 1 - juin 1895.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ÉDITORIAL.

La couronne d’or fin, jadis apportée à Vienne par Stambouloff à Ferdinand de Saxe-Cobourg, fut alors acceptée avec empressement par ce dernier. Il n’en a pas été de même neuf ans après pour celle en perles récemment adressée cette fois par le souverain, au lit de mort de son ancien ministre ! La porte resta close, et de Carlsbad, où il essayait des eaux recommandées au serviteur, le Prince apprit que la famille du défunt avait refusé la livraison de cette couronne, sous prétexte qu’elle avait était commandée plus de deux mois auparavant !

Pauvre petit Stambouloff, quelle énorme place tu tins dans la comédie Européenne du dernier mois !

Avoue que ta vieille amie la Mort, ne t’a pas traité comme le premier tyran venu, car il semble que pour te bien définitivement tuer tout un massacre lui ait paru nécessaire !

Ni la Russie, ni la Macédoine, ni même le Prince Ferdinand n’en sont responsables.

Tu es mort, parce que tu as vulgarisé la mort dans ta méthode de gouvernement comme étant une mesure disciplinaire insignifiante.

En somme, la chose est bien, tu aurais pu aller mourir d’ennui à Carlsbad, et ta mort simple eût été insuffisante et peu en rapport avec la violence de ta destinée politique.

Au contraire, celle que tu as choisie te vaudra de passer des encyclopédies Allemandes dans les précis d’histoire pour la jeunesse ! Et puis vois-tu, Clément, pas le bicycliste, le métropolite, est allé à Peterhof offrir à ton ennemi l’ancien Bon Dieu du Petit Prince Boris, et quand, d’ici peu ta petite patrie sera russe, la légende, d’ailleurs très fausse, voudra que, toi vivant, rien de tout cela n’eût pu se faire.

« Mr Eustis has made a fool of himself »

Ceci est du moins l’avis du New-York Hérald et d’un certain nombre d’Américains démocrates résidant à Paris, car ni la Presse Française, ni le Public Français n’ont sérieusement envisagé l’interview antérieurement dérobée à l’Ambassadeur.