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Prophète, et frappe ces maudits !
Ton radieux empire est prêt à se dissoudre.
L’Occident va gravir, si tu ne prends ta foudre,
L’échelle de ton paradis.

Car le voici qui vient, comme au temps des croisades.
De ton Nil paternel remonter les cascades
Et le chemin de la Câba.
À tous les horizons pousse ton cri d’alarmes !
Qu’à ta voix tout fidèle accoure avec ses armes
Pour combattre le grand combat !

Des versets du Korân allume le tonnerre !
Rassemble tes aiglons, aigle, au bord de ton aire !
Aiguise leurs serres d’airain !
Fais mugir tes clairons du Caire aux bords du Tigre !
Prends les dents du lion, prends les griffes du tigre ;
Car il sera trop tard demain !

Frappe, extermine avec la lance, avec le sabre !
Sur l’ennemi qui vient, que le désert se cabre !
Que tout lui devienne un écueil !
Soulève contre lui tes fleuves, ô Prophète !
Ou, dans Médine même, écrase-lui la tête
Sous les planches de ton cercueil !

Mai 1840.


LIÉGE.


Eya… locus, quem Dominus, postmodum magnifice illustratum, summis civitatibus æquabit.
(Harigeri Vita sancti Monulphi, cap. 33)


I.


À d’autres l’Italie et ses mers azurées,
Et ses villes toujours d’un chaud soleil dorées,
Venise qu’on dirait, avec ses grands palais,
Une flotte échouée au bord de sa lagune,
Où le pêcheur croit prendre, aux clartés de la lune,
Les étoiles dans ses filets !