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LA BELLE-MÈRE, 3 vol. in-12, 1828. — La lecture de ce roman laisse une impression profondément pénible. Une femme seule pouvait nous révéler tout ce que la passion de l’amour, l’orgueil, l’ambition, la vengeance, produisent quelquefois de monstrueux dans le cœur d’une femme. Cette femme altière, égoïste, dissimulée, froidement cruelle, sacrifie à sa réputation, à ce qu’elle appelle son honneur, à ses intérêts de fortune et de succès dans le monde, tout ce qui lui fait obstacle et tout ce qu’elle croit utile d’immoler. Des récits d’aventures souvent compliquées, mais toujours attachantes, et dont l’intérêt a quelque chose d’entraînant, font ressortit l’épouvantable caractère et la conduite altière de la belle-mère, qui est l’héroïne de l’ouvrage. Les deux fils de son vertueux mari et les femmes qu’ils aiment sont en butte aux persécutions de ce génie du mal qui, malheureusement, n’est pas une pure fiction, mais une image trop fidèle de quelques-unes de ces femmes du monde perverses et corrompues, que chacun a été à même d’observer dans la société. — Il est à regretter que le talent incontestable dont l’auteur a fait preuve dans ce roman n’ait pas été employé à retracer des exemples de vertu, et à nous offrir, de préférence, des personnages propres à honorer et à faire aimer la nature humaine.

SCÈNES DE LA VIE ANGLAISE. Voy. Ellis.

ÉLISE ET MARIE, in-8, 1838. — Élise est une intéressante victime d’un mariage d’argent, qui a épousé, tout enfant, un riche et brillant marquis sur le retour, gâté par des succès de ruelles, et qui a la prétention d’inspirer de l’amour à sa femme ; mais Élise se révolte aux exigences de ce Lovelace égoïste ; d’ailleurs un amour virginal occupe toutes ses pensées ; elle aime de toute son âme le jeune Emmanuel, le tendre compagnon de son enfance ; mais elle refuse de fuir avec lui, elle restera éternellement attachée à sa chaîne et ne s’écartera pas de ses devoirs. Au moment où Emmanuel lui dit un éternel adieu, le marquis le surprend, le tue, et découvre dans le jeune homme l’enfant d’une femme qu’il avait séduite autrefois ; Emmanuel, auquel il vient d’arracher la vie, était son fils ! — Marie est une autre jeune mariée qui ne demanderait pas mieux que de trouver le bonheur en ménage ; elle aime son mari, elle est mère, mais son indigne époux s’est épris des charmes d’une coquette, dans les bras de laquelle il oublie sa femme, son enfant, ses affaires ; quelquefois cependant, quand, fatigué des plaisirs et quand la coquette n’est plus là, il pense à sa femme, à sa bonne et douce Marie, qui pousse la résignation jusqu’à ne pas se plaindre de son absence ; alors il forme la résolution de s’arracher à des liens indignes, mais son courage se refuse à cet acte de vertu. Heureusement, un ami qui plaint son état lui