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humains, l’art de reproduire le langage et les mœurs de la féodalité par des caractères fortement dessinés et bien développés, enfin, une unité d’action qui produit des scènes touchantes et imposantes tour à tour.

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WALSH (le vicomte de).


LE FRATRICIDE, ou Gilles de Bretagne, chronique du XVe siècle, 2 vol. in-12, 1828. — François Ier, duc de Bretagne, avait un frère nommé Gilles, prince doué des plus brillantes qualités. Le duc le chargea d’une mission importante auprès de Henri VI, roi d’Angleterre, qui le prit dans une grande affection. Des favoris du duc de Bretagne cherchèrent à perdre dans son esprit un frère qui leur faisait ombrage, et leurs machinations n’eurent que trop de succès. Après avoir éloigné le prince Gilles de sa cour, le duc l’accusa auprès du roi de France d’être d’intelligence avec les Anglais, et Charles VII donna l’ordre de l’enfermer étroitement dans un château fort ; mais bientôt, revenu de ses préventions, il ordonne au duc de lui rendre la liberté. Sur ces entrefaites, les Anglais font une descente en Bretagne ; les ennemis du prince captif saisissent cette occasion pour insinuer dans l’esprit de François que cette attaque n’a lieu que par l’instigation de son frère. Le duc, dans sa fureur, ordonne de resserrer la captivité du malheureux Gilles ; et ses geôliers, trop fidèles à cet ordre, poussent l’inhumanité envers lui jusqu’à le laisser manquer d’aliments. Une femme généreuse expose ses jours pour faire passer au fils de son ancien souverain un morceau de pain et de l’eau. Mais sa vie était condamnée par un frère barbare ; par ses ordres, six assassins, dont l’histoire a conservé les noms odieux, descendent dans son cachot et l’étouffent entre deux matelas. Un religieux, qui avait reçu la veille la confession du prince, se rendit sur-le-champ auprès du duc de Bretagne, et, au nom du frère qui venait d’être assassiné par son ordre, le cita au tribunal de Dieu dans l’espace de quarante jours. Frappé de terreur, le duc expire avant le terme qui lui était assigné. Tels sont les principaux traits du roman réellement historique de M. Walsh, qui, à des faits vrais, a joint certaines fictions, qu’autorisaient l’amour du merveilleux et les croyances superstitieuses de l’époque où se passent les faits qui servent de base au roman. On ne lira pas sans intérêt, dans le chapitre intitulé la Nuit, une histoire de revenant dont nous laisserons aux lecteurs le plaisir de chercher l’explication dans l’ouvrage même.

FEUILLETONS POLITIQUES ET LITTÉRAIRES. — Dans ce livre, tout parfumé d’idées légitimistes depuis la préface jusqu’au mot fin,