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Mme de Belcourt ; cet amour a été dénoncé à M. de Belcourt par une femme outragée, Mme de Varennes. Manuel, surpris par ce mari, le tue ; puis la femme qu’il a séduite lui demande la mort, et il la tue ; il va se tuer à son tour lorsqu’on l’arrête. Il s’évade, et va en Italie, où se trouve Mme de Varennes, de laquelle il veut se venger. Manuel retrouve cette femme, lui fait la cour avec les intentions les plus cruelles et un plan horrible de vengeance, qu’il révèle à son ami Jules Bernard, dans une correspondance suivie. Mme de Varennes, qui a conçu des doutes sur la sincérité de l’amour de Manuel, découvre qu’après chacune de leurs entrevues il écrit à Jules. L’idée lui vient de posséder ces lettres, et elle fait partir pour Paris son frère de lait qui lui est dévoué, en lui donnant l’ordre de se lier avec Jules et de lui dérober les lettres de Manuel. Pendant que le frère de lait s’acquitte de sa commission, Mme de Varennes oublie tous ses soupçons, ou plutôt les perd devant l’amour de Manuel, devenu franchement et sincèrement amoureux d’elle. Sur ces entrefaites, le frère de lait revient de Paris avec les lettres ; Mme de Varennes les lit, ces lettres fatales ! Dès lors, adieu son bonheur, son illusion ; réduite au désespoir, elle prend un parti violent. Elle donne un rendez-vous à Manuel pour déjeûner ensemble dans un pavillon situé au milieu d’un lac. Au milieu du déjeuner, elle remplit deux verres d’un vin de Chypre empoisonné ; les deux amants boivent. Lorsqu’ils ont le poison dans la poitrine, Manuel apprend de lui-même à son amie que son amour a commencé par une perfidie horriblement combinée ; mais que cet amour s’est épuré, qu’il est devenu une vraie et profonde passion. Alors Mme de Varennes veut vivre, et elle veut que Manuel vive. Manuel s’élance pour chercher du secours, la porte du pavillon est fermée, et Mme de Varennes a jeté la clef dans le lac ! Manuel use en vain ses bras et ses ongles contre cette porte inébranlable ; les deux amants meurent dans les transports d’une rage convulsive.

On a encore de cet auteur : Charette, in-8, 1832. — Le Conseil de Guerre, 2 vol. in-8, 1836.

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BERNARD (Charles de).


LE NŒUD GORDIEN. Le Nœud Gordien est un recueil de nouvelles, parmi lesquelles la plus belle est, sans contredit, celle intitulée la Femme de quarante ans. C’est un renchérissement plein de grâce sur la Femme de trente ans, de M. de Balzac. L’observation y est parfaite dans sa finesse et sa subtilité ; chacun a connu et connaît quelque madame de Flomareil, toujours belle, toujours sensible, toujours décente, qui a graduellement changé d’étoile du pôle au couchant, qui en peut compter