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La scène est dans le Forez, au VIIIe siècle, après l’invasion des barbares, et l’auteur suppose les populations gauloises de cette province, indépendantes, et gouvernées par la nymphe Amasis. Le drame commence sur le bord du Lignon, jolie rivière qui se jette dans la Loire, et un berger nommé Céladon, désespéré d’être banni de la présence d’Astrée, que les artifices d’un jaloux ont persuadée de l’infidélité de son amant, se précipite dans les eaux pour y trouver la mort. Il est rejeté par les ondes sur l’autre bord, et recueilli par la nymphe Galatée, fille d’Amasis, qui s’éprend de lui, et le retient presque de force dans son palais d’Isour ; heureusement Léonide, une des nymphes de Galatée, est devenue amoureuse de Céladon, et, voulant à tout prix éloigner le berger, elle confie la faiblesse de la princesse au grand druide Adamas son oncle, et, dirigée par ses avis, elle le fait évader. Celui-ci, respectant l’arrêt d’Astrée qui l’a banni de sa présence, n’ose retourner dans son village, s’établit au fond d’une forêt, ne vivant que de ses larmes et de racines sauvages. Un jour il aperçoit Sylvandre, l’amant de Diane, amie intime d’Astrée, endormi au pied d’un arbre, et il dépose sur ses genoux une lettre qu’il adresse à la plus belle et à la mieux aimée. Sylvandre montre cette lettre à la veillée, et Astrée reconnaît l’écriture de celui qu’elle pleure et dont elle a reconnu l’innocence. Tous les bergers et bergères courent au bois d’où Sylvandre a rapporté le billet mystérieux, et on y trouve un temple rustique érigé à la déesse, et les douze tables de la loi d’amour. Les promeneurs s’endorment dans une clairière sans avoir pu trouver l’architecte. Céladon les voit, vole un baiser à Astrée, et se sauve en lui laissant une seconde dépêche conçue en termes tellement ambigus, que tout le monde pense décidément avoir affaire à l’ombre du berger. Sa triste amante lui élève solennellement un tombeau, et projette de se consacrer au culte de Teutatès. Peu de temps après, Céladon, d’après le conseil d’Adamas, se déguise en druidesse sous le nom d’Alexis, et se présente dans son hameau natal comme la fille du grand druide ; Astrée se prend d’une vive amitié pour l’étrangère qui lui rappelle des traits chéris, et leur intimité se prolonge à travers une foule d’incidents qui donnent lieu à des situations assez galantes sans être absolument neuves. Cependant Polémas, l’un des seigneurs du Forez, furieux de voir ses hommages rebutés par Galatée, prend les armes contre la nymphe et sa mère, assiége les deux princesses dans Marcilly, et voulant se venger d’Adamas qui a éclairé Galatée de ses projets perfides, envoie ses satellites enlever celle qui passe dans le pays pour la fille du grand druide. Les soldats se trompent et prennent Astrée à sa place ; le faux Alexis accourt au camp de Polémas, et réclame son nom, que la géné-