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mer ; malgré ses crimes, malgré les noirceurs dont il se rend coupable, Victorine l’aime toujours et repousse la passion modeste de Nicot. Enfin le voile tombe : Victorine reconnaît trop tard son erreur et l’injustice de sa conduite envers l’ouvrier qui la protégea comme un bon génie. Nous laissons au lecteur la surprise du dénoûment de ce roman, où l’on trouve des aperçus ingénieux, et une critique souvent spirituelle dirigée contre la classe supérieure de la société.

LES RÉVERBÈRES, 4 vol. in-8, 1834. — On sait que M. de la Reynie, lieutenant de police, fut celui qui le premier fit éclairer les rues de Paris. Frappé des désordres qui se commettaient nuitamment dans les rues de la capitale, il pensa avec raison que, semblable à l’ange des ténèbres, le vice s’enfuirait à l’approche de la lumière, et il inventa les réverbères. L’auteur a supposé que le livre de police du temps, où les histoires de nuit se trouvaient consignées, lui est tombé entre les mains, et il s’est mis à les transcrire pour notre édification. Les Réverbères sont une jolie collection de contes intéressants, écrits surtout avec beaucoup d’esprit et d’originalité. Quelques faits attribués à de grands noms, pourront bien peut-être choquer les idées admises sur leur compte : par exemple, on n’aimera pas à voir celui qu’une juste admiration a surnommé l’Aigle de Meaux, courir Paris en bonne fortune ; mais on rira de bon cœur de la rivalité de M. de la Reynie et de Mme de Sévigné, rivalité dont l’auteur ne nous dit qu’à moitié la cause : Mme de Sévigné, à ce qu’il paraît, gardait rancune au lieutenant de police de ce que son invention récente avait mis en lumière sa liaison avec Bussy-Rabutin. Les Réverbères ne nous apprennent pas l’autre partie du secret de cette petite guerre d’épigrammes ; mais on peu supposer que ce simple et bon M. de la Reynie avait à se venger de l’ennui que lui avait sans doute causé, un jour de brumeuse humeur, la lecture des lettres de la prétentieuse marquise. — M. Touchard-Lafosse met aussi en scène toutes les célébrités amoureuses de notre histoire, depuis Marguerite de Bourgogne et Catherine de Médicis, jusqu’à la charmante Gabrielle et Ninon de l’Enclos. Si tout cela n’est pas très-édifiant à lire, c’est au moins très-divertissant.

SOUVENIRS D’UN DEMI-SIÈCLE, 6 vol. in-8, 1836. — Les Souvenirs d’un demi-siècle parcourent quatre années de notre histoire, depuis 1789 à 1794. Ils indiquent en passant les grands faits, et montrent l’impression qu’ils produisent plutôt qu’ils ne les racontent ; ils peignent surtout la vie intérieure des Français à cette époque, et n’oublient aucune cérémonie. Nous indiquerons la fête de la Fédération, comme un tableau d’une grande vérité. L’apparition des œuvres littéraires importantes, livre ou pièces