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naïveté, elle s’était livrée sans résistance aux désirs de son ami ; mais Alphonse ne voulut point d’une victoire aussi facile. Par une bizarrerie dont on voit quelques exemples, il se créa des obstacles pour avoir ensuite le plaisir de les surmonter. Le maître cependant ne tarda pas à se repentir de ses leçons ; on le combattit avec ses propres raisonnements, et la jeune insulaire résista plus longtemps qu’il n’aurait voulu. Les détails de la lutte de cette jeune femme, sa chute et sa punition, le récit des événements qui rendirent Alphonse à sa patrie, doivent être lus dans ce roman plein d’intérêt, où la curiosité, vivement excitée par d’ingénieux développements d’idées, ne se ralentit jamais et est rarement déçue.

MÉMOIRES D’UN FRANÇAIS, 3 vol. in-12, 1825. — Charles, jeune Français, revenu dans sa patrie à l’époque où il fut permis aux émigrés de la revoir, devient amoureux d’une femme mariée, qui, se défiant de sa propre sensibilité, fait solliciter et obtient pour Charles un brevet d’officier, avec lequel il part pour l’expédition de Russie. Il a le bonheur de sauver un officier russe ; mais bientôt, blessé lui-même et prisonnier, il est transporté chez un puissant seigneur, dont la fille, vêtue de deuil et pleine de prévention contre les Français, refuse même de lui parler ; mariée à un officier russe que l’on avait tué, elle accuse tous les Français de sa mort. Cette nouvelle ne tarde pas cependant à être démentie ; l’officier convalescent revient dans sa famille, et Charles reconnaît enfin Ladislas, celui à qui il avait sauvé la vie. Dès lors il s’opère un changement total dans la manière d’être de cette famille à l’égard du jeune Français, jusqu’à ce point que Ladislas, dévoré d’ambition et brûlant de se signaler encore dans les combats, ne croit pouvoir laisser à sa femme un meilleur ami que Charles. Mais celui-ci brûlait d’amour pour la femme de Ladislas ; vainement il avait combattu sa passion ; vainement il voulut fuir ; vainement il jurait à Catherine d’être toujours respectueux près d’elle : une circonstance amena leur chute, au moment même où Ladislas expirait pour sa patrie. Cet instant est aussi celui des remords de Catherine ; sa tête s’égare, une fièvre cruelle s’empare d’elle ; elle meurt bientôt enfin, laissant à son séducteur des regrets que rien ne peut détruire.

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THIBEAUDEAU (le comte Antoine-Claire),
né à Poitiers en …, mort en exil en 1823.


LA BOHÊME, 2 vol. in-8, 1834. — Dans ce roman, M. Thibeaudeau a voulu reproduire le premier acte de cette guerre de trente ans, dont le dénoûment fut la ruine de l’indépendance des Bohê-