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Le héros de ce roman, M. Darnaud, est un bon Parisien qui, après avoir fait fortune, veut se distraire par la lecture des anciens romans, qui ne l’amusent pas longtemps. Retiré dans une terre qu’il vient d’acheter, il y reçoit la visite d’un jeune homme arrivant de Paris, et apportant avec lui la riche collection des romans du jour : les Souterrains de Mazzini, l’Italien, les Mystères d’Udolphe, le Moine, etc. Il lit avec admiration ces sublimes productions ; son imagination s’exalte, et il a lui-même des révélations ; il est témoin d’apparitions, de spectacles de tous genres ; dans une seule nuit il est accablé de tout le poids des merveilles dont les héros et les héroïnes des romans qu’il a admirés n’ont eu chacun qu’une part. — Nous ne pousserons pas plus loin l’analyse de cette critique des romans noirs, qui amusera le lecteur ami de la parodie appliquée à son véritable objet.

ANNA GRENWIL, roman historique du siècle de Cromwell, 3 vol. in-12, 1800. — À l’entrée triomphante de Cromwell dans Londres, une jeune fille, nommée Grenwil, d’une beauté également vive et touchante, lui tira d’une fenêtre un coup de pistolet pour venger son amant que Cromwell avait tué de sa propre main ; voilà l’Anna Grenwil de l’histoire. Celle du roman est fille de Cromwell ; il l’a eue d’une Élisabeth mariée alors à lord Grenwil, qu’elle fit assassiner pour épouser son amant ; Cromwell, pour se débarrasser d’un lien devenu contraire à ses projets ambitieux, la fait assassiner à son tour. Élisabeth, guérie de sa blessure, a juré la mort du perfide. Elle suscite contre lui le fils du général écossais Lesley, en lui faisant entrevoir que la main d’Anna, dont il est épris, sera le prix de celui qui délivrera l’Angleterre du Protecteur. Lesley cherche à se défaire, dans les combats, de celui dont la vie est un obstacle à la possession de celle qu’il aime ; mais la fortune trahit son courage, et il tombe lui-même percé de la main de Cromwell. Élisabeth montre à Anna la blessure qu’elle a reçue de Cromwell lui-même, et lui fait jurer sur le cadavre de son amant d’immoler le tyran à ses mânes lorsqu’il entrera triomphant à Londres. Anna obéit ; mais sa main égarée trompe sa vengeance. Cromwell accourt dans la maison ; Élisabeth, dont la vue le fait frémir, lui dévoile l’horrible secret de la naissance d’Anna, que sa fille ignorait, et s’élance furieuse sur Cromwell pour le poignarder. Anna l’arrête et s’écrie : « Épargnez mon père. » Ce mouvement inattendu excite contre la malheureuse fille la fureur de sa mère qui la poignarde et se tue ensuite elle-même. — Il était difficile de dénaturer plus complétement l’histoire que l’auteur ne l’a fait dans ce roman, où l’on trouve des peintures et des situations tour à tour touchantes et terribles. — On a encore de cet auteur :

Elfrida, imité de l’anglais, par M. B. de L. (Belin de la Liborlière), 2 vol. in-12,