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qu’il a tendu, et l’arrivée de Cromwell sur le lieu de sa sépulture, dans l’obscurité d’une forêt, rappelle les inventions effrayantes de Lewis et de mistress Radecliffe. C’est aussi un bien drôle de personnage que celui de Wildrake, royaliste écervelé, toujours prêt à compromettre par ses folies la cause qu’il défend, et s’emportant enfin jusqu’à frapper de son épée Cromwell lui-même, au milieu de ses officiers et de ses soldats.

LES CHRONIQUES DE LA CANONGATE, trad. par Defauconpret, 4 vol. in-12, 1827. — On trouve admirablement exprimé dans ce recueil, le contraste de la civilisation récente de l’Écosse avec ses anciennes mœurs. Le caractère de M. Croftangry ne le cède en rien pour l’originalité à ceux des Clutterbuck, des Cleisbotham, des Cargill, si connus des lecteurs de Walter Scott. La fille du chirurgien ne serait qu’un roman vulgaire, si l’on n’y trouvait, au début et au dénoûment, représentés avec infiniment de naïveté ou d’éclat, l’intérieur du ménage d’un pauvre médecin de campagne, et la cour des monarques de l’Inde. Mais ce qu’il y a vraiment de remarquable dans ce recueil de nouvelles, c’est l’histoire de la Veuve du Montagnard, et celle des deux Bouviers, qui, malgré leur peu d’étendue, peuvent se comparer à ce que Walter Scott a écrit de plus beau.

LA JOLIE FILLE DE PERTH, ou le Jour de la Saint-Valentin, trad. par Defauconpret, 4 vol. in-12, 1828. — L’auteur a peint dans ce roman les mœurs guerrières et turbulentes de l’ancienne Écosse, avec leur caractère âpre et sauvage. Les professions pacifiques des villes participent elles-mêmes à cette rudesse, et l’esprit de la chevalerie anime jusqu’aux simples bourgeois. La peinture du belliqueux armurier de Perth, qui manie les armes aussi bien qu’il les forge, est on ne peut plus originale. Autour de lui se groupent les figures piquantes du bonnetier fanfaron, du grave et sévère gantier, et toute cette population si vive à la défense de ses droits et de ses franchises, si prompte à la révolte et au combat. Puis viennent les montagnards avec leur orgueil, leur fidélité, leur animosité de tribu et de clan ; l’Église, riche, puissante, ambitieuse, mais déjà tourmentée d’un commencement de réforme ; les grands vassaux, espèces de souverains dont les prétentions rivales ébranlent sans cesse l’État et la royauté. Au-dessus de tant d’intérêts ennemis, l’auteur nous montre le bon vieux roi Robert III, trop humain pour un siècle si cruel, pleurant sur les misères et les excès de son peuple ; le duc de Rothsay son fils, mélange singulier de vices et de grâces : ces deux caractères sont admirablement tracés. L’ouvrage, du reste, abonde en scènes vives et variées ; on y passe de la plaine à la montagne, de la ville à la cour ; d’une orgie nocturne à un conseil de cabinet ;