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caractères fortement exprimés, des éclairs de passion et d’éloquence, rappellent la manière du grand romancier. C’est une figure charmante que celle de Clara Mowbrai, cette jeune fille qui, sous les apparences d’un caractère fantasque, cache le sentiment profond d’une grande infortune. Mais un personnage hors de ligne dans ce roman, et qu’il faut ajouter à la liste déjà bien nombreuse de ceux auxquels le génie créateur de Walter Scott a su donner une vie réelle, est celui de Josiah Cargill, ministre de l’Évangile à Saint-Ronan. Ses travers le rendent aussi comique qu’il est intéressant par les aventures de son jeune âge, et vénérable par les vertus de sa vieillesse. Après avoir cultivé les muses dans ses premières années, après avoir goûté les charmes et l’amertume d’une passion malheureuse, le pauvre Cargill a cherché un asile et une consolation dans les soins du ministère évangélique, et surtout dans les travaux de l’érudition. Un détachement absolu des occupations ordinaires de la vie, une distraction continuelle, sont devenus le trait dominant de son caractère. À peine peut-il donner un moment d’attention à lui-même, à sa paroisse et à l’intrigue romanesque au milieu de laquelle il se trouve jeté ; il est tout absorbé par ses recherches sur le Siége de Ptolémaïs, dont il doit bientôt offrir une relation au public.

WOODSTOCK, ou le Cavalier, histoire du temps de Cromwell, trad. par Defauconpret, 4 vol. in-12, 1826. — Les malheurs des Stuarts ont été une mine féconde où Walter Scott a puisé le sujet d’une grande partie de ses romans : dans le Monastère et dans l’Abbé, on a vu figurer Marie Stuart ; dans les aventures de Nigel, Jacques Ier, son fils ; la catastrophe sanglante de Charles Ier dans l’Officier de fortune ; les aventures du Prétendant dans Waverley, et celles de Charles II dans Péveril du Pic. C’est encore ce même Charles II qui, échappé aux suites de la déroute de Worcester, vient occuper de ses dangers, de ses moyens d’évasion et de ses intrigues amoureuses, les habitants dévoués du château de Woodstock. — Après la bataille de Worcester, le fils de Charles Ier erre inconnu et déguisé dans les forêts de la Grande-Bretagne, cherchant à gagner le château de Woodstock, habitation où l’immensité des bâtiments, la profondeur et les sinuosités des souterrains, et surtout la fidélité éprouvée du brave sir Henri Lee, lui promettent le refuge le plus sûr qu’il lui soit permis d’espérer dans sa triste position. Charles n’a avec lui qu’un seul compagnon de sa suite : c’est Albert Lee, fils de sir Henri, et guide du prince au château de Woodstock. Mais un détachement des troupes de Cromwell occupe les environs de ce château ; le parlement a ordonné le séquestre de ce domaine, et trois commissaires chargés de l’exécution sont décidés à y établir leur domicile. Telle