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cent du désespoir : « Madame, contemplez votre ouvrage. » Telle est la catastrophe qui a donné naissance à la nouvelle que nous annonçons. Rédigée sur les mémoires du jeune officier, époux de l’innocente victime, elle donne sur les événements antérieurs des détails qui éclaircissent plusieurs points de cette déplorable affaire. — Le style de cette production est en général clair, rapide, animé ; l’intérêt, d’abord assez faible, va toujours croissant, et il attache constamment le lecteur ; on voudrait n’avoir lu qu’un roman, et pouvoir se persuader que le caractère de la duchesse n’est qu’une conception habile, puisée dans une profonde connaissance du cœur humain.

Nous connaissons encore de cet auteur : Amours et Galanterie des rois de France, 2 vol. in-8, 1829.

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SAINT-FÉLIX (Jules de).


CLÉOPÂTRE, REINE D’ÉGYPTE, 2 vol. in-8, 1836. — L’auteur de ce roman a eu pour principal but, dans ce sujet antique, de révéler aux hommes d’aujourd’hui les richesses d’un passé presque oublié : plusieurs passages sur les mœurs antiques sont d’une grande beauté ; Cléopâtre n’est pas dans ce livre la femme coquette de Shakspeare : quelle est belle d’ailleurs ! et comme M. de St. Félix a fait deviner toutes les expressions de sa beauté dans les teintes splendides de lumière où il l’a mise ! Antoine aussi est moulé sur nature, d’après Plutarque.

Ce roman, ce livre sérieux, n’intéressera pas que les artistes ; les femmes dont l’âme est choisie en feront plutôt le principal succès.

MADEMOISELLE DE MARIGNAN, in-8, 1836. — Une jeune femme, vêtue d’une robe verte en amazone, coiffée d’un chapeau rond ombragé d’une plume noire, et suivie de piqueurs, traverse un bois qui sert de lisière à une des montagnes de la haute Auvergne. Un jeune chasseur la salue en passant, puis il s’informe auprès d’un chevrier qui est cette femme à cheval. Le pâtre répond : « C’est mademoiselle qui se promène. » Le chasseur n’en a pas pu savoir davantage ; pourtant l’exposition est faite, car il ne s’agit dans tout le roman que de l’amour réciproque de ces deux personnages ; mais il y a toujours de l’intérêt dans l’histoire mystérieuse et naïvement contée de deux cœurs. — Le roman de Mademoiselle de Marignan est l’histoire d’une jeune femme qu’un vieillard a épousée pour l’enrichir (comme l’Adèle de Sénange de Mme de Souza) ; elle est aimée par un jeune poëte, Fernand d’Arona, qui, après avoir appris son mariage, part pour la Grèce, comme lord Byron. Le récit est orné de scènes charmantes et de gracieuses