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dioses, sa civilisation massive, dont la fatalité est l’unique loi. Avec la seconde journée, l’homme commence son voyage sans fin vers l’Occident. Ahasvérus, d’abord simple pasteur comme Abraham et Jacob, est devenu conquérant avec Sésostris et Alexandre ; encore un effort et le Christ va naître, une autre lutte commencera. C’est celle qui remplit la troisième journée. Nous sommes à la porte du moyen âge. Ahasvérus, encore fatigué de sa longue marche, arrive à la porte de Worms, c’est au XIXe siècle. Il y rencontre deux génies sous la forme de femmes, l’une vieille, l’autre jeune. Mob, la vieille, c’est la matière qui a vécu autant que le Juif errant, et qui vieillira comme lui ; tous les mauvais instincts, tous les appétits déréglés, les inclinations matérielles, Mob les résume et les représente. La jeune Rachel représente le contraire : c’est la spiritualité, l’âme, le dévouement confiant, l’amour inépuisable, l’espérance céleste. Rachel est la servante de Mob, comme l’esprit est soumis à la matière, comme l’âme obéit au corps. Sans ces deux femmes, Ahasvérus n’est rien, avec elles il est tout : un mélange de foi et de doute, de résignation et de colère, d’amour et de haine ; c’est le véritable homme moderne, tel qu’une civilisation en marche a dû le constituer. La quatrième journée est tout à l’avenir, à un avenir consolateur, tel que le présent peut nous en donner l’espoir. En commençant, l’homme était vaincu par la nature, maintenant il en a triomphé, Rachel l’a emporté sur Mob, Ahasvérus est tout à Rachel, tout à la croyance, tout à Dieu. L’homme, Ahasvérus, au bout de son long voyage, a recueilli et thésaurisé toutes les beautés de sa création. Il l’a domptée, âme et matière, chair et esprit. Il n’est plus mortel, il est verbe à son tour. — Ce roman semblera bizarre à beaucoup de monde ; mais il renferme de grandes et saisissantes beautés.

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RABAN.


Aucun des ouvrages de ce fécond romancier ne nous étant tombé sous la main, nous nous bornons à donner la liste des nombreux romans qu’il a publiés ou qu’on lui attribue : *Les deux Eugènes, ou dix-sept pères pour un enfant, 3 vol. in-12, 1819. — *Farville, ou Blanc et Noir et Couleur de rose, 2 vol. in-12, 1819. — L’Époux parisien, 3 vol. in-12, 1820. — Quatre Titres pour un, 2 vol. in-12, 1820. — Monsieur Corbin, 2 vol. in-12, 1821. — Blaise l’Éveillé, 3 vol. in-12, 1823. — Le Curé capitaine (ouvrage condamné comme contenant des outrages à la morale publique), 4 vol. in-12, 1819. — Mes Caravanes, 2 vol. in-12, 1824. — Mon Cousin Mathieu, 2 vol. in-12, 1824. — La Femme jésuite, in-32, 1828. — Les Jumeaux de Paris, 3 vol. in-12, 1827. — *Mémoires d’un forçat, ou Vidocq dévoilé, in-8, 1828-29. — La Fille du commissaire, 3 vol. in-12, 1828. — Suzette, 2 vol. in-12, 1828. — Le Gentilhomme normand, 4 vol. in-12, 1825. — Le Conscrit, 3 vol. in-12, 1829. — La Patrouille grise, 4 vol. in-12, 1830. — L’Incrédule (saisi en 1824), 2 vol. in-12, 1831. — La Vie d’une jolie femme, 4 vol. in-12, 1831. — L’Orpheline de quatre-vingt-treize, 3 vol. in-12, 1831. — La Jeunesse d’un grand vicaire, 3 vol. in-12, 1832. — La Vie d’un soldat, 4 vol. in-12,